Val-de-Grâce : Qui veut prendre sa place ?

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Val-de-Grâce : Qui veut prendre sa place ?

Vidé de ses patients depuis l’été 2016, l’Hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris se cherche un repreneur. Incubateur de start-up en santé ? Regroupement des agences sanitaires ? QG des espions français ? Les projets ne manquent pas.

Déjà deux ans que le service de santé des armées (SSA) a fait ses bagages. À l’été 2016, les derniers patients, civils et militaires, ont été transférés vers les autres hôpitaux d’instruction des armées (HIA). Deux d’entre eux se sont répartis les différentes activités médicales du Val-de-Grâce.

Vers « un pôle d’excellence » ?

L’hôpital Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne) a récupéré les services de gastro-entérologie, ophtalmologie, médecine interne, psychiatrie chirurgie viscérale, urologie et oncologie. L’HIA de Percy, situé à Clamart (Hauts-de-Seine), les pôles de neurologie, neurochirurgie, réanimation, chirurgie vasculaire, cardiologie et ORL.

Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense aujourd’hui au Quai d’Orsay, avait annoncé le 15 octobre 2014 le transfert. Il avait indiqué dans un discours sur la loi de programmation militaire 2014-2019 que le site deviendrait « un pôle d’excellence réservé aux activités de recherche, de formation académique et de mémoire du SSA autour de l'École du Val-de-Grâce et du musée du SSA ». Rien pour les SDF donc, au grand dam de l'association Droit au logement, qui lorgne sur les locaux pour y loger les sans-abris.

Trois projets sont en lice

La préfecture de la région d’Île-de-France, gestionnaire de la stratégie immobilière du site, a indiqué à l’APM avoir enregistré « à l’heure actuelle deux projets État et un projet privé ». Pour l’instant, trois projets sont en lice. Le premier d’entre eux, porté notamment par le directeur de l’incubateur Paris Biotech Santé Olivier Amédée-Manesme, prévoit un nouvel incubateur de start-up en santé.

« 10 000 m2 pouvant accueillir une trentaine de jeunes entreprises, qui n’y resteront pas plus que quelques années », prévoit le PU-PH, ancien directeur au sein du Syndicat national de l’industrie pharmaceutique (SNIP, devenu LEEM), interrogé par l’APM. Pour Nicolas Dufourcq, le directeur de la Banque publique d’investissement (BPI), il s’agit de la future « station F de la santé », en référence au plus grand campus de start-up au monde, créé à Paris par Xavier Niel. Rien que ça !

« Station F de la santé » VS nid d’espions

Un projet qui semble faire des heureux à l’Hôtel de ville de Paris. L’adjoint d'Anne Hidalgo à l’urbanisme, Jean-Louis Missika, a estimé dans une interview au JDD que « le projet de Station F de la santé est très intéressant, il correspond parfaitement à l'ADN du site ». Mais le projet est challengé par les ministères de l’Intérieur et de la Santé, qui veulent chacun leur part du gâteau.

Gérard Collomb verrait bien s’installer dans les 50 000 m2 de l’ancien HIA une cité du renseignement français, QG pour les espions tricolores. Il s’agirait de regrouper en un seul lieu les différentes antennes de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), aujourd’hui dispersées entre Levallois-Perret et Asnières (Hauts-de-Seine).

Emmanuel Macron doit trancher

Mais selon l’APM, le ministère des Solidarités et de la Santé préférait un regroupement de différentes agences : l'Agence de la biomédecine (ABM), la Haute autorité de santé (HAS), l’ANSM (1) l'Établissement français du sang (EFS), l'Institut national du cancer (Inca), et l'Institut national de la transfusion sanguine (INTS). L’idée ? Permettre des synergies, notamment sur les achats, la sécurité ou l’informatique.

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) étant également de la partie, Agnès Buzyn ne peut plus se prononcer sur le projet. Son mari Yves Lévy est en effet l'actuel PDG de l'institution. Conséquence, la ministre de la Santé est tenue de délaisser le dossier au profit de Matignon, qui a récupéré la tutelle de l’établissement public. Un soutien de poids en moins pour le projet… Le calendrier de prise de la décision, qui revient au Président de la République Emmanuel Macron, n’est pas encore connu.

(1) Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé

Source:

Thomas Moysan

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