La grève des personnels des services d’urgence a gagné l’ensemble de l’AP-HP, mais pas seulement. Une vingtaine de services sont également mobilisés en dehors de l’Île-de-France, signale à What’s up Doc Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Une mobilisation « qui continue de s’étendre ».
Pour marquer le coup, Samu-Urgences de France appelle à une grève nationale, un peu particulière. « Pour témoigner de notre exaspération et conscients de nos responsabilités envers les patients, nous appelons, dans un premier temps, les personnels de toutes les structures de médecine d’urgence à arrêter symboliquement le travail le mardi 28 mai à midi, pendant 5 minutes, et à se regrouper devant leur service », explique l’association dans un communiqué publié le 21 mai.
L’urgence aux urgences
« Nous vous demandons, Madame la Ministre, des engagements clairs sur le devenir de nos services avec des objectifs à court, moyen et long terme », demande-t-elle également. Les structures de médecine d’urgence, qu’il s’agisse des services ou des centres 15 ou du Smur, « sont à un point de rupture jamais atteint comme en témoignent les multiples mouvements sociaux initiés à travers le pays ».
Et si des rapports objectivent les difficultés rencontrées et les besoins, aucune feuille de route claire n’a été annoncée, malgré les « pistes intéressantes » proposées dans Ma santé 2022. « La situation est tellement critique que nous ne pouvons plus attendre », estime Samu-Urgences de France, inquiet de l’arrivée de l’été et de la pérennisation du fonctionnement des urgences pendant cette période traditionnellement compliquée. L’association demande à ce que soient réunis les professionnels, afin de monter un nouveau « plan urgences ».
« Ridicule »
Mais cette grève n’est pas du goût de l’Amuf. Patrick Pelloux la trouve « ridicule », comme il l’a expliqué à WUD. « On ne peut pas caricaturer l’action sociale en disant On va faire grève cinq minutes », ajoute-t-il en précisant que cette mobilisation manque de crédibilité face aux responsables politiques. « Je vais appeler Serge Braun [président de Samu-Urgences de France, NDLR] pour voir cela avec lui », conclut-il.
En attendant, à Paris, l’intersyndicale (CGT, Sud, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, SMPS) de l’AP-HP a appelé à une seconde grève de l’ensemble du personnel pour dénoncer « les conditions de travail dégradées ainsi que le manque de moyens », notamment causée par « la suppression de 3500 postes entre décembre 2014 et décembre 2018 », annonce-t-elle dans un communiqué. Si la prise en charge des urgences est, comme d’habitude, assurée, des manifestants se sont retrouvés devant le siège de l’AP-HP à 9h30 ce vendredi matin. La grève, débutée jeudi soir à 21h, se poursuivra jusqu’au samedi 25 mai à 7 heures.
Retrouvez la Consult' de Patrick Pelloux (23 mai)