Une fusion Amuf-UFML-S pour peser sur la politique de santé

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Oui, la situation est grave

Une fusion Amuf-UFML-S pour peser sur la politique de santé

Évènement inattendu dans le petit monde des syndicats de médecins. L’UFML-S et l’Amuf ont décidé de tirer un trait sur leurs divergences et de s’associer dans une voix commune, pour les négociations à venir avec le Gouvernement et l’Assurance Maladie. Explications du Dr Jérôme Marty.

Pas toujours facile de réunir les généralistes et les spécialistes, les libéraux et les hospitaliers, les médecins et leurs visions respectives de ce que devrait être le système de santé, et leurs opinions sur les solutions. Les nombreuses divergences au sein de la profession ont donné naissance à une myriade de syndicats et d’associations politiques, qu’il est parfois difficile de réconcilier. Cette division pèse sur le choix de combats politiques prioritaires, et sur leur aboutissement.

C’est la raison pour laquelle, face à la situation difficile dans laquelle se trouvent les hôpitaux et face aux menaces qui pèsent sur la médecine de ville, deux syndicats parmi les plus influents ont choisi de faire des concessions sur leurs divergences, pour engager un programme commun. Il s’agit de l’Union française pour une médecine libre syndicat (UFML-S) et de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui semblent pourtant bien différents.

Médecine libre et encadrée par l’État

« Nous pensons qu’en montrant un front uni face aux décideurs politiques, malgré nos divergences, nous n’en aurons que plus de crédibilité pour défendre un système de santé en péril », explique à What’s up Doc le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, croisé à l’aéroport de Singapour-Changi par hasard. « Nous avons conclu un accord, qui a nécessité des concessions importantes de part et d’autre ».

L’accord est relativement simple. L’UFML-S s’engage sur la promotion du salariat des médecins de ville, et l’Amuf défendra la liberté tarifaire des libéraux et des hospitaliers. « Ça ne s'est pas fait à n’importe quelle condition », précise Jérôme Marty. « Nous exigerons ensemble que l’extension du salariat se fasse dans le cadre d’une législation précise et rigoureuse, strictement encadrée par l’État, et avec une grande part du salaire liée à des objectifs annuels en termes de nombre de consultations ».

Appel d’air et ruissellement

L’Amuf a aussi dévoilé sa part du deal. Elle soutiendra la liberté tarifaire et la promotion du secteur 2 pour les spécialistes, et notamment les radiologues, avec deux idées simples et qui fonctionnent à tous les coups : l’appel d’air et la théorie du ruissellement. En augmentant les tarifs des radiologues et d’autres spécialistes (ophtalmos, oncologues et cardiologues), les revenus de l’ensemble des spécialistes augmenteront à leur tour, mécaniquement : c’est l’appel d’air. Les excédents de bénéfices de leurs BNC ruisselleront ensuite jusqu’aux poches des généralistes, et tout le monde y gagnera.

Forts de cet accord, les deux syndicats – qui espèrent être rejoints par leurs homologues (MG France, CSMF, Le Bloc…) ainsi que les syndicats d’internes et de jeunes médecins – pourront porter haut et fort leurs revendications. La première, condition sine qua non de toute négociation à venir : le retour de Marisol Touraine au ministère de la Santé, en remplacement d’Agnès Buzyn dont le mandat, au regard de l’actualité, pourrait bien être écourté.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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