Saint-Nazaire : Urgences fermées samedi dernier !

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Entre 15 heures et 23 heures, faute de lit, l’accès aux urgences de Saint Nazaire a été barré d’une rubalise. Si les urgences vitales continuaient à y être assurées, les autres patients étaient redirigés vers le CHU de Nantes ou renvoyés chez eux. Une situation inédite mais pas surprenante, dans un contexte ultra-tendu depuis des mois.

Saint-Nazaire : Urgences fermées samedi dernier !

« J’étais seul médecin, avec deux aides-soignantes et une infirmière, au milieu de 35 patients à prendre en charge, avec plus un seul lit", témoigne le Dr Florian Vivrel, médecin urgentiste, en colère. « Devoir travailler dans de telles conditions de maltraitance institutionnelle, après 13 ans d’études, c’est écoeurant. J’ai vécu ce samedi tout ce que je ne voulais pas vivre dans mon travail : devoir sélectionner les patients que je renvoyais chez eux », ajoute-t-il. En cause ? Le cocktail explosif habituel : plus aucun lit disponible, un afflux élevé de patients en peu de temps et des effectifs médicaux et paramédicaux tout juste suffisants. De façon inédite, la décision de fermeture pour quelques heures a dû être prise par l’administrateur de garde, la sécurité des patients n’étant plus assurée. Résultat : des patients éberlués, perdus, surtout ceux de plus de 80 ans, pour qui il est toujours stressant de se retrouver aux urgences… « Quand je leur ai expliqué que j’allais les transférer aux urgences de Nantes, certaines personnes âgées se sont mises à pleurer. J’en ai renvoyé d’autres chez elles jusqu’à lundi », raconte le Dr Vivrel. A 50 kilomètres de là, en fin de journée, la suractivité battait son plein aux urgences de Nantes, avec une file d’attente de 116 patients à 20 heures. Pourtant, le vendredi, aux urgences de Saint-Nazaire, des médecins avaient demandé la mise en place d’un plan blanc. Mais la direction du CH n’avait ouvert que 5 lits. 
 

Et encore, les pics épidémiques sont devant nous…

Comment les urgences de St Nazaire en sont-elles arrivées à un tel degré de saturation ? En grève depuis neuf mois, les personnels ne sont pas plus étonnés que ça. « Nous avons été tributaires d’un engorgement dans les hôpitaux périphériques (Savenay, Guérande, polyclinique de l’Europe…), qui manquaient eux-mêmes de personnel médical en raison des congés et des arrêts maladie », explique Gaël Leturque, secrétaire du syndicat FO des hospitaliers de Saint-Nazaire. Par ailleurs, la communication a fait défaut. « Je pense qu’il aurait fallu informer en amont le grand public, les jours précédents, pour qu’ils sollicitent davantage leur médecin traitant, SOS-Médecins ou les maisons médicales de garde », ajoute le représentant du personnel. « De nombreuses personnes avaient réellement besoin d’examens et/ou d’être hospitalisées », souligne le Dr Vivrel, qui rappelle ce chiffre : « Seuls 15% des patients qui se présentent aux urgences ressortent après une consultation simple sans examen, selon l’Observatoire régional des urgences. » Finalement, le contexte hivernal et les débuts d’épidémie de gastro-entérite et grippe n’ont joué qu’à la marge dans cette situation catastrophique. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est que les pics épidémiques sont devant nous et non pas derrière », souligne Gaël Leturque.
 
Pour en savoir plus : http://www.oru-paysdelaloire.fr/files/00/03/11/00031105-2e98543268d630d64f5bdf40a6006bb9/2019_panoramaorupdl2018_synthese.pdf
 

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