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Décrite comme « alerte et coquette », c’est les trajets en voitures qui l’ont poussée à mettre un terme à sa carrière. « Je n’aurais pas raccroché si j’avais pu me rendre à pied à mon travail. »
Habitante du IXe arrondissement de la capitale, c’est auprès des enfants de Seine-Saint-Denis qu’elle a exercé durant cinquante ans. Bien que techniquement retraitée depuis ses 67 ans, la Parisienne continuait d’exercer un jour et demi par semaine.
Un exercice qui a bien évolué
« Au début de ma carrière, on traquait les enfants maigres, on vérifiait qu’ils mangeaient suffisamment. Maintenant, on constate surtout de l’obésité, et ce n’est pas étonnant lorsqu’on voit des parents qui donnent des chips ou une part de pizza au goûter », raconte la médecin scolaire dans les colonnes du Parisien.
Pierrette Clozier-Salvaing explique que durant ses dernières années d’exercice, la plupart des examens portaient sur des troubles du neurodéveloppement.
Mais, lorsqu’elle redirigeait les enfants vers l’hôpital ou des centres médico-psychologiques, ils étaient en liste d’attentes pendant parfois plusieurs années. Synonyme d’une dégradation du système de soin que l’octogénaire a vécu de l’intérieur.
Une réduction drastique des effectifs
La médecin se souvient : « Dans les années 70, on était environ un médecin scolaire pour 10 000 élèves. » Puis, l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand a marqué un tournant. Durant son mandat, 50 titulaires supplémentaires ont été nommés. Une bouffée d’air frais qui n’a pas duré. « On avait plus de temps. Mais ensuite, il y a eu une vraie déperdition. Petit à petit, les effectifs se sont réduits. »
Aujourd’hui, en Seine-Saint-Denis, il y a huit médecins scolaires pour 350 000 élèves de la petite section à la terminale. C’est 1 médecin pour 43 750 enfants.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/lecole-premier-desert-medical-du-pays
Le manque d’effectif, c’est ce qui a poussé Pierrette Clozier-Salvaing à continuer d’exercer. « Si je partais, il n’y avait plus personne à Bagnolet et ça allait retomber sur mes collègues. »
La médecin évoque deux autres raisons pour expliquer sa longévité : les soignants ont du mal à décrocher. Mais aussi, sa retraite était en deçà de ses espérances : « c’est un métier mal payé, je n’avais pas une retraite suffisante pour vivre confortablement et faire des voyages agréables. »
Après 50 ans de bons et loyaux services, Pierrette Clozier-Salvaing a désormais tout son temps pour elle.
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