Médecin coordonnateur VS traitant en Ehpad : fight ?

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Un nouveau décret modifie les missions du médecin coordonnateur en Ehpad, qui aura notamment la possibilité de prescrire un traitement pour une affection chronique ou aiguë hors cadre de l’urgence. La Fédération des médecins de France (FMF) estime que cette mesure est non seulement contre-productive, mais qu’elle peut aussi être source de conflits entre médecins.

Médecin coordonnateur VS traitant en Ehpad : fight ?

Depuis 1999, plusieurs décrets sont parus pour mieux définir les missions d’un nouveau métier : médecin coordonnateur en Ehpad. Un métier qui a son importance puisqu’il forme « un trio cadre » avec le directeur d’établissement et le cadre infirmier, afin d’organiser le bon fonctionnement des Ehpad.
 
Mais voilà que l’on vient d’apprendre que les missions de ce médecin coordonnateur en Ehpad vont évoluer, suite à la parution du décret n° 2019-714 du 5 juillet 2019. À titre d’exemple, celui-ci coordonnera désormais la réalisation d’une évaluation gériatrique et pourra donc « effectuer des propositions diagnostiques et thérapeutiques, médicamenteuses et non médicamenteuses », stipule le décret.

Prendre le relais du médecin traitant

Autre mission précisée par le décret  : la réalisation des prescriptions médicales pour les résidents de l’établissement, pour tout acte incluant l’acte de prescription médicamenteuse lorsque le médecin traitant ou désigné par le patient n’est pas en mesure d’assurer une consultation.
 
Ce décret ne remet pas pour autant en cause l’importance du médecin traitant en Ehpad qui continuera notamment à assurer « le suivi des pathologies chroniques et aiguës du résidant», estime la Fédération des médecins de France (FMF) qui ajoute que le médecin coordonnateur en Ehpad et le médecin traitant en Ehpad auront à l’avenir « des missions bien différentes mais complémentaires ».

Répondre à la carence de médecins traitants

En revanche, ce qui pose problème, c’est la possibilité donnée au médecin coordonnateur « de prescrire un traitement en dehors de l’urgence et en l’absence du médecin traitant », considère la FMF. Ce nouveau décret autorise en effet le médecin coordonnateur à prendre le relais du médecin traitant en cas d’absence ou de carence de ce dernier. Alors que cette possibilité de soins était jusqu’à présent limitée à l’urgence. 
 
Objectif ? Répondre à la carence de médecins traitants dans les Ehpad, et donc à une rupture médicale dans la continuité des soins.
 
Mais cette nouvelle mesure aura « des conséquences sur l’implication des médecins traitants dans les Ehpad » et donnera « une nouvelle mission de soin au médecin coordonnateur qui a déjà treize missions et qui souvent exerce à temps partiel dans ces établissements », estime la FMF.

Mesure contre-productive ?

L’effet de cette mesure sera donc « contre-productif » pour les Ehpad, puisqu’elle favorisera « la pénurie des médecins coordonnateurs (un tiers des Ehpad n’ont pas de médecin coordonnateur) qui voient leur tâche se complexifier », ajoute la FMF.
 
Pour faire venir les médecins traitants dans les Ehpad, le syndicat a une idée en tête : « Une nouvelle lettre à la nomenclature avec un tarif à la mesure du travail demandé. » Pour la FMF, les résidents en perte d’autonomie sont « souvent polypathologiques et en perte d’autonomie ». La consultation doit donc être « tracée sur le plan informatique pour permettre un travail en pluriprofessionnel et une bonne coordination. » En particulier parce que la durée de la visite est longue et complexe.
 
Pour le syndicat, donner la possibilité au médecin coordonnateur de prescrire un traitement pour une affection chronique ou aiguë hors cadre de l’urgence relève donc « d’une méconnaissance de ce qui se passe réellement dans nos Ehpad de la part du ministère. » C’est aussi la porte ouverte à « des conflits entre les médecins s’ils ont des vues divergentes sur les soins. »
 

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