A l'hôpital Nord de Marseille, les agressions continuent

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Depuis l’affrontement de bandes rivales au sein des urgences de l'hôpital Nord, des mesures ont été prises par la direction pour sécuriser les lieux. Pas suffisantes, répondent les syndicats et le personnel. 

A l'hôpital Nord de Marseille, les agressions continuent

Jeudi 10 octobre, la direction de l'hôpital Nord de Marseille a réuni les syndicats autour d’une table pour un CHSCT extraordinaire. “Franchement on les compte plus tellement nous en faisons souvent”, lâche Mireille Tchiknavorian, déléguée FO de l'hôpital Nord. Celui-ci a été organisé après deux nouvelles agressions à l’encontre du personnel. L’une aux services des urgences, l’autre à l’intérieur de l'hôpital. “Un jour, il va y avoir un drame”, lâche Mireille Tchiknavorian très remontée. “Le manque de personnel et de moyens engendre un épuisement physique et psychologique qui ne nous permet plus de réagir normalement aujourd’hui”, souligne un aide-soignant qui souhaite rester anonyme. 

Une agression s’est déroulée dans l'enceinte de l'hôpital, dans la nuit du 7 au 8 octobre. Au sous-sol, une aide-soignante a été victime d’un vol avec violence. Elle a été plaquée au sol dans la réserve pour un collier. Arrêtée dix jours, elle envisage de porter plainte, assure la direction. “Quelles que soient les mesures prises, ce type d’agressions ne pourra pas être empêchées”, affirme Olivier Bonnaud de la CGT. “C’est choquant ce que je vais dire, mais c’est malheureusement très fréquent.” Du côté de la direction, Magali Guerder rétorque que “c’est un cas très particulier car elle s’est déplacée seule dans une réserve quand d’habitude elles descendent à deux”. Car ce soir-là, le personnel manquait “et ça aussi c’est très fréquent”, rétorque un infirmier qui préfère garder l’anonymat. 

Un coup de poing sur l'infirmière

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, une patiente est amenée allongée par les pompiers. Au moment où l’infirmière d'accueil et d'orientation (IAO) commence à l’examiner, celle-ci devient agressive. Elle menace les pompiers et frappe d’un coup de poing au visage l’infirmière, a appris What’s up doc auprès de sources concordantes. Le bouton Ramses est alors déclenché et la police arrive sur les lieux. Particulièrement choquée de l’agression, l’infirmière finira sa garde avant d’aller porter plainte. Tout comme les pompiers. “Ici, les violences nous préoccupent tous”, souligne la directrice de l'hôpital Magali Guerder. D’une voix posée et précise, elle détaille les mesures mises en place depuis 2013 via le plan de prévention. À cette époque, un infirmier avait reçu un coup de couteau au bras droit à la Conception, et plusieurs soignants s’étaient retrouvés nez à nez avec une arme à feu à Nord. Depuis, cette bâtisse située non loin de l’autoroute du Soleil, a subi des aménagements. Un vigile 24h/24 dans la salle d’attente des urgences, des médiateurs tous les après-midis jusqu’à 21 heures, la présence du dispositif Ramsens (un bouton rouge directement relié à la police et qui permet une intervention rapide) ou encore plus de caméras de vidéosurveillance à l’entrée ou dans le SAS pompiers.

Demande de présence policière

Pas suffisant pour FO, qui demande une présence policière permanente sur le site, depuis l’intrusion de cet été. Dans les urgences de l'hôpital, une bagarre avec des outils de chantier avait éclaté entre bandes rivales. Ils étaient à la recherche d’un patient pris en charge quelques heures plus tôt. “Il est vrai que nous sommes dans un environnement compliqué, souligne la directrice de l'hôpital. Nous devons faire face à un contexte de règlements de compte. Et la paupérisation de cette partie de Marseille conduit à une patientèle avec des problèmes sociaux et / ou psychologiques parfois importants.” 

 
 

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