Les réas du Haut Rhin et de Bichat sont en difficulté, selon Vincent Bruckert, de Jeunes Sfar

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Si le Dr Vincent Bruckert, président de jeunes Sfar (société française d'anesthésie et de réanimation) constate que certains service de réa sont saturés, il reste néanmoins confiants sur la capacité du réseau national de réa à absorber la crise du Covid-19. 

Les réas du Haut Rhin et de Bichat sont en difficulté, selon Vincent Bruckert, de Jeunes Sfar

What's up Doc. Les services de réanimation sont-ils à saturation ? 

Dr Vincent Bruckert. Il y a quelques services de réanimation qui sont réellement en tension, mais nous ne sommes pas encore au pic de l’épidémie, donc il n’y a pas encore de saturation réelle des lits de réanimation mais c’est ce que l’on redoute pour l’avenir. 

WUD. Quels sont les points de tension actuellement en France ? 

V. B. À ma connaissance, il y a ​l'ensemble des hôpitaux du Haut Rhin, ​plusieurs hôpitaux parisiens, notamment l’hôpital Bichat.

 

Pour les professionnels de santé, de nombreuses informations sont disponibles sur sfar.org et les experts feront des mises à jour régulière sur les réseaux sociaux . Pour les réanimateurs prenant en charge des patients atteints ou non du Covid-19, qui ont besoin d'aide dans la prise de décision ou pour toute autre question, n'hésitez pas à utiliser AvisRéa ( https://sfar.org/espace-professionel-anesthesiste-reanimateur/outils-professionnels/boite-a-outils/avirea/ )

WUD. Redoutez de devoir choisir entre tel ou tel patient du fait d’un engorgement des capacités d’accueil ? 

V. B. Pour éviter cet écueil, la procédure mise en place est d’annuler les opérations chirurgicales majeures qui nécessitent aux patients d’aller en réanimation ou en surveillance continue, en post-opératoire. Je pense que si un effort commun est fait entre les services de réanimation, en y incluant aussi le secteur privé, ceux des hôpitaux généraux et périphériques, nous devrions réussir à avoir assez de place pour juguler l’épidémie de coronavirus en réanimation. ​Pour permettre d'atténuer le pic de l'épidémie, il est crucial que les gens respectent les mesures de distanciation et de confinement annoncées. C'est la meilleure chance pour l'hôpital public de ne pas être submergé et donc de ne pas avoir à choisir qui aura un lit en réanimation.

WUD. Actuellement, les internes sont-ils mobilisés sur le terrain ? 

V. B. Oui, il y a déjà des villes et des services d’urgence et de réanimation qui réquisitionnent les internes, et on peut s’attendre à ce que ce soit de plus en plus fréquent puisque les experts prédisent que l’on est au début de l’épidémie en France et qu’elle va aller crescendo au cours des deux ou trois mois prochains. 

WUD. Êtes-vous optimiste sur les chances de guérison des patients Covid-19 qui arrivent en réanimation ? 

V. B. Pour le moment, pour l’expérience française on a très peu de recul. Pour ce qui me concerne, je ne me suis pas occupé de patient CoVid-19 en réanimation. Mais nous savons que la maladie touche un seul principal organe, les poumons, avec des défaillances respiratoires. Le taux de décès en France est peu important, mais on sait de l’expérience chinoise que plus les patients sont âgés plus ils ont de comorbidités, plus ils ont de chances de décéder de cette pathologie. 

WUD. On évoque aussi des jeunes patients sans comorbidité ? 

V. B. Pour la population générale, il faut rappeler qu’il y a plus de 80% des gens atteints du CoVid19 qui n’auront que des symptômes grippaux, de la fièvre, des maux de gorge, des symptômes classiques viraux et qui n’auront pas de maladies graves. Dans les quelques porcentages de patients atteints de maladies graves, on a du mal à connaitre le taux de décès des patients jeunes en réanimation. 

WUD. Le fait d’être jeune sans comorbidité ne protège pas pour autant d’une infection grave à CoVid19 ? 

V. B. Statistiquement cela protège, mais on ne peut pas dire pour autant qu’une personne jeune ne sera pas atteint d’une infection grave à Covid19. Il existe en effet des cas de patients trentenaires sans antécédent et admis en réanimation pour cette maladie. 

 

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