Les médecins connectés, adeptes du French « QIS »

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Rencontre avec les « connected doctors » des salons Santé Autonomie

Les médecins connectés, adeptes du French « QIS »

Les salons santé autonomie de la semaine dernière ont laissé la part belle aux avancées numériques. On en parle beaucoup mais finalement, où en est-on ? Les professionnels de santé sont-ils maintenant connectés avec leurs patients ?

Didier Mennecier, hépato-gastroentérologue désormais à la direction centrale du Service de Santé des Armées a réussi son passage au numérique. Précurseur dans la e-santé, il a d'abord développé un site internet, puis un blog et enfin l'application Hepatoweb pour smartphones et tablettes permettant un accès à un grand nombre d'informations dans le domaine de l'hépatologie et de la gastroentérologie. "Le numérique s'ajoute à la relation médecin / patient, il s'agit désormais d'une relation à trois, on peut parler d'une triade" explique le Dr Didier Mennecier. Il y a eu l'ère 1.0, où le médecin transmettait son savoir au patient, puis l'ère 2.0 avec l'arrivée d'internet. Le savoir médical à commencé à échapper au médecin. Puis l'ère du 3.0, celle dans laquelle nous sommes, celle des applications et des objets connectés.

Eric Couhet est ce qu'on appelle un « connected doctor ». Ce généraliste qui exerce en milieu rural dans le département des Deux-Sèvres a créé une communauté de professionnels de santé 3.0. Devant une patientèle très demandeuse de surveillance et d'observance, il a lancé les Connected Doctors dans le but de professionnaliser la santé connectée, de persuader ses collègues de santé, et de créer un vaste bouillon de culture (auprès des pharmaciens, médecins, infirmiers…) autour de la pratique médicale de demain. 

Ces nouveaux appareils connectés 3.0 sont souvent mal adaptés aux patients. Didier Mennecier le perçoit quotidiennement : "Le patient se retrouve avec une appli plus adaptée au médecin qu'à lui-même." C'est pourquoi selon lui, les développeurs doivent s'associer aux médecins en adoptant ce que Didier Mennecier appelle pour s'amuser le "French QIS" (quotient d'intelligence sociale) : "Par exemple, le tensiomètre connecté est une application validée par les autorités savantes et les cardiologues français. Elle est donc fiable et utile aux médecins". 

"On est à la traine !" confirme Yann Bubien, le directeur général du CHU d'Angers. Dans les facs aujourd'hui, "rien n'est enseigné sur la santé connectée, le 3.0, etc. Les sites internet des CHU sont ringards, inadaptés aux smartphones". L'enjeu pour les médecins est d'avoir la maitrise de la e-santé. "Pour cela une collaboration hopitaux/entreprises est nécessaire " assure-t-il. Il faut que les professionnels de santé et les institutions hospitalières reprennent la main. "Il ne faut pas laisser la e-santé aux industriels !".

Source:

Chloé Rayneau

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