Le procès du lynchage médiatique d'un médecin

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Le matin du 14 mai s’est tenu le procès de Michèle Fléchon, accusée de diffamation par le médecin de sa défunte mère. Elle avait publié l’année dernière, une lettre ouverte sur Facebook, accusant le docteur de mauvaise prise en charge de sa mère, résidente d’une EHPAD dans le Jura.

Le procès du lynchage médiatique d'un médecin

Hier matin, le 14 mai, s’est tenu le procès de Michèle Fléchon au tribunal de Lons-le-Saunier. Poursuivie pour diffamations et injures, un médecin d’Ehpad l’accuse d’avoir publié sur Facebook, il y a un an, une lettre ouverte injurieuse à son encontre. Dans ce post, elle rend responsable le médecin d'avoir laissé mourir sa mère de 90 ans dans des conditions de fins de vie effroyables. La lettre a été partagée plus de 27 000 fois sur Facebook et relayée sur une multitude de groupes pour dénoncer les supposés agissements du médecin (nous l’appelerons Dr. J). Ce post fait état des accusations de Michèle Fléchon contre Dr. J et l’histoire des derniers jours de sa mère à l'Ehpad. La lettre en question est truffée d’injures.

« Vous étiez un salaud » 

« Vous devriez vous acheter une paire de couilles », suggère par exemple l'auteur de ce post, objet du procès. Michèle Fléchon va jusqu’à l’accuser d’avoir tenu des propos méprisants contre des infirmières de l'Ehaps en grève : « Vous les traitiez avec mépris en faisant de ces femmes des écervelées sous l’emprise de la CGT ». Le Dr Stéphane Attal, président du syndicat GÉNÉRALISTES- CSMF de Franche-Comté, qui est en contact avec Dr. J, affirme que ce dernier dément totalement cette accusation et qu’il « n’a jamais tenu ses propos à l’encontre des infirmières ».

À l'origine de cette affaire, un vœu : la mère de Mme Fléchon, aujourd’hui décédée, avait exprimé à l’époque son souhait de mourir dans sa chambre, à l'Ehpad. le médecin, le  Dr. J, est alors prévenu. Mais quelques temps plus tard, sa jambe l’élance et le diagnostic médical tombe. Il faut qu’elle soit hospitalisée afin d’amputer la jambe, sinon une gangrène douloureuse va se développer. La dame refuse, elle souhaite mourir avec ses deux jambes. Le médecin respecte son souhait et met en place un protocole progressif de soulagement de la douleur par morphine.

Une affaire de dignité

L’auteure de la lettre déclare que Dr. J n’a pas tenu son rôle de médecin et a mal pris en charge la douleur de sa patiente. Ce qui a provoqué sa colère, et la publication de cette lettre. « Suite à la publication de la lettre, mon confrère a reçu des menaces de mort », déclare le Dr Attal, qui, de manière générale, s’inquiète pour l’avenir de la bonne pratique médicale  : « On risque d’être confronté à de gros soucis de liberté d’action en médecine ». Le verdict sera rendu mi-juillet. 

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