Le débat sur la fin de vie s’achève, certains médecins s’inquiètent déjà : « L'euthanasie et le suicide assisté ne peuvent pas être considérés comme des soins »

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Aider quelqu'un à mourir, est-ce encore un soin ? Non, répondent plusieurs organisations de médecins et d'infirmiers, alors même que les débats s'achèvent au sein de la "convention citoyenne" qui doit orienter le gouvernement sur ses choix en matière de fin de vie.

Le débat sur la fin de vie s’achève, certains médecins s’inquiètent déjà : « L'euthanasie et le suicide assisté ne peuvent pas être considérés comme des soins »

© IStock 

"L'euthanasie et le suicide assisté ne peuvent pas être considérés comme des soins", estiment dans un texte publié cette semaine une dizaine d'organisations de soignants, dont notamment des spécialistes des soins palliatifs.

Dans le détail, les signataires sont tous opposés à une légalisation de l'euthanasie, soit le fait de donner activement la mort à une personne malade. Leur position est plus nuancée sur le "suicide assisté", qui revient à donner le moyen au malade de se tuer : certains ne sont pas contre une autorisation, mais tous se refusent catégoriquement à qualifier un tel acte de soin.

En soit, cette prise de position n'est pas neuve. Elle correspond globalement à la doctrine déjà exprimée par ces organismes, parmi lesquels la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), très présente dans les récents débats sur la fin de vie.

Mais le moment n'est pas neutre. Quelque 180 Français, réunis depuis bientôt trois mois en "convention citoyenne" à l'appel du gouvernement, s'apprêtent à achever leurs débats sur la nécessité de légaliser l'euthanasie ou le suicide assisté.

Le président Emmanuel Macron envisage de changer la loi actuelle, dite Claeys Leonetti, qui permet d'aller jusqu'à une "sédation profonde et continue" de certains malades jusqu'à leur mort, sans pour autant permettre de provoquer activement leur décès ou de leur en donner les moyens.

La convention doit proposer des orientations sur le sujet même si le gouvernement, qui mène parallèlement ses propres consultations, a prévenu qu'il ne reprendrait probablement pas telles quelles les conclusions des citoyens.

Comme le gouvernement, les organisateurs de la convention marchent sur des oeufs et ont déjà promis que les opinions minoritaires seraient aussi détaillées dans le rapport attendu fin mars

Pour autant, leurs débats sont suivis avec attention par de nombreux acteurs - monde médical, religieux, francs-maçons... - en raison des profonds clivages éthiques que réveille le sujet, et face à la très grande prudence désormais affichée par le gouvernement et Emmanuel Macron.

Or, la convention parvient à un moment crucial. Si elle dispose encore d'un bon mois pour s'achever, les citoyens vont dès ce dimanche voter sur de grandes orientations.

"On franchit vraiment une étape : (...) la dernière de la phase de délibération", a souligné hier Claire Thoury, chargée d'organiser cette convention au sein du Conseil économique, social et environnemental (Cese). A l'issue de ce week-end, "il faut qu'on sache où on va", a-t-elle insisté.

Autrement dit, les citoyens diront probablement s'ils sont en majorité favorables au principe d'une légalisation d'une euthanasie ou d'un suicide assisté, bien que les modalités précises auraient encore à en être discutées les prochaines semaines.

Comme le gouvernement, les organisateurs de la convention marchent sur des oeufs et ont déjà promis que les opinions minoritaires seraient aussi détaillées dans le rapport attendu fin mars.

Reste que les opposants à l'euthanasie ont déjà trouvé à s'inquiéter dans un précédent vote, en janvier. Celui-ci n'était pas au programme et a été décidé de manière impromptue par les citoyens : une grande majorité se sont alors prononcés pour un changement de loi.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/leuthanasie-et-le-suicide-assiste-un-acte-autorise-dans-quelques-pays-europeen

Mais les citoyens réunis n'ont-ils pas vu leur position évoluer au fil des nombreux débats qui se sont tenus depuis ce vote ? Aujourd'hui, combien seraient favorables à une légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté ?

Impossible d'évaluer la situation au vu de leurs discussions, tant les positions s'y révèlent souvent nuancées, dépassant les clivages de principe pour s'interroger, par exemple, sur la capacité des soignants à accepter concrètement une évolution de la loi.

"La responsabilité des médecins est moins pénalement forte dans le suicide assisté" que l'euthanasie, notait ainsi Michel, un participant, lors de débats début février. "Mais la responsabilité morale reste entière et ils ne savent pas comment ça va réellement se passer".

Avec AFP

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