“La prime vaseline, on s’en fout !”

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Plus de 5000 soignants public-privé se sont retrouvés devant le CHU de Nantes ce mardi à 14 heures. Après avoir fait face, soudés, à la crise Covid, ils dénoncent la prime proposée par le gouvernement et exigent des revalorisations pérennes.

“La prime vaseline, on s’en fout !”

« Ça fait chaud au cœur de voir autant de soignants mobilisés à Nantes. L’année dernière au printemps, on était 100 ou 200 seulement ! », commente le Dr Florian Vivrel, médecin urgentiste à Nantes et St-Nazaire. « Rien n’a bougé depuis la grève de l’an dernier. Tout ce qui ressort de la crise Covid et du Ségur de la Santé renforce la détermination des soignants à demander les 300€ de salaire en plus, les réouvertures de lits et les embauches de personnel ».
 

Public-privé, des soignants soudés

De l’Hôtel Dieu au miroir d’eau, c’est un flot ininterrompu de blouses blanches - toutes équipées d’un masque - qui avance d’un pas décidé vers la Préfecture, où est reçue leur délégation. Malgré les averses régulières qui douchent les manifestants, ce sont plus de 5000 soignants, selon les estimations de FO, qui sont venus dire leur ras-le-bol. Public-privé réunis devant le CHU. Du jamais-vu, ou presque. « On a vécu le Covid avec un manque de matériel. On demande une revalorisation des salaires car on est sous-payés : 1600€ par mois pour 10 ans d’ancienneté ! Tout le monde pense que les soignants sont mieux payés dans le privé mais c’est faux. On est tous dans le même bateau, on doit tous être augmentés », indique Lucile, 34 ans, infirmière de bloc au Confluent, grosse clinique privée nantaise.
Sophie Cousin

« On est au bout du système »

« Nous les infirmières, on ne supporte plus notre casquette de nonne. Limite, on devrait travailler gratis ! », s’emporte Véronique Cailloux, 44 ans, infirmière de nuit aux urgences de Nantes et membre du collectif Inter-Urgences. « Avec le Covid, on s’est aperçu que soignants et administratifs, nous étions capables d’affronter la crise, la panique et de bien soigner. On n’était pas noyé par la bobologie, on a bien travaillé. Maintenant, on reprend les vieilles mauvaises habitudes, à stocker des patients sur des brancards dans les couloirs… ». Elle dit aussi son incompréhension que le collectif Inter-Urgences ne soit pas représenté au Ségur de la Santé, malgré une mobilisation active. Comme elle, la plupart des paramédicaux interrogés n’y croient pas. De toute façon, ils n’ont pas été invités à y participer… Les médecins oui, les paramédicaux, non. Incompréhensible pour eux. La prime « vaseline » (dixit FO !) de 1500€ ou 500€ selon le profil les dégoûte tous. « On s’en fout de la prime. Je me demande même si ce n’était pas une manipulation du gouvernement pour nous donner un os à ronger. Pour qu’on se batte entre nous, qu’on se divise pour l’avoir », indique Véronique Cailloux.
Attribuée selon des critères jugés complexes et opaques, les soignants considèrent unanimement qu’il fallait la donner à tout le monde. Ou personne. Une revalorisation salariale pérenne, un rattrapage du salaire moyen européen, voilà ce qu’ils réclament depuis des années. Mais à la Préfecture, c’est une charge de CRS et un nuage de lacrymogène qui les attend.

 

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