
Une suspicion suivie d’une suspension. Après l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège ou encore la Bulgarie, c’est au tour de la France de « suspendre par précaution » le vaccin AstraZeneca. Une décision qui a été annoncée par le Président ce lundi après-midi lors d’une conférence de presse à Montauban (Garonne).
En tout, une douzaine de pays ont préféré suspendre l’utilisation de ce vaccin. Et pour cause : certains patients ont développé des problèmes sanguins qui ont parfois été mortels. Ainsi, des difficultés à coaguler ou des thromboses se sont manifestées en Europe. Pour l’heure pourtant, impossible de savoir si cela répond d’un phénomène de causalité.
Lors de cette conférence de presse organisée à l’issue d’un sommet franco-espagnol, le chef de l’État a fait savoir qu’il espérait pouvoir lever cette interdiction rapidement. « L’Autorité européenne, l’EMA, rendra demain après-midi un avis sur le recours à ce vaccin […] la décision qui a été prise en conformité aussi avec notre politique européenne est de suspendre par précaution la vaccination avec AstraZeneca en espérant la reprendre vite si l’avis de l’EMA le permet », a-t-il déclaré.
C’est l’Autriche qui avait initié le mouvement le 8 mars dernier. Les autorités du pays avaient décidé de suspendre l’inoculation du lot ABV5300 du vaccin AstraZeneca. Une décision prise suite à la survenue de deux cas graves de troubles de la coagulation, dont un de décès.
S’il n’est pas dit que cette actualité ait influencé la décision présidentielle du jour, l’ANSM a reconnu ce week-end qu’une partie du lot suspect avait été inoculé aux Français. « La France […] a reçu 316 800 doses depuis le 9 février 2021. Près de la moitié de ces doses ont déjà été administrées », a indiqué l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament dans un communiqué.
Hier encore pourtant, l’ANSM se montrait rassurante quant au vaccin AstraZeneca. « Rien n’indique à ce stade qu’il y a un problème spécifique avec le lot ABV5300 ni que la vaccination a provoqué ces effets, qui ne figurent pas parmi les effets secondaires de ce vaccin », a indiqué l’institution. Et de se montrer plus précise : « Parmi les cas d’effets indésirables recueillis en France concernant le lot ABV5300 depuis le début de la vaccination, il n’y a pas de cas de décès, pas de cas de mise en jeu du pronostic vital et il n’y a pas non plus de cas de thrombose et de thrombopénie ».
Depuis le début de la vaccination du sérum AstraZeneca, « 3 013 cas d’effets indésirables ont été analysés par les CRPV rapporteurs (Amiens et Rouen) dans le cadre du dispositif de surveillance renforcée concernant l’ensemble des vaccins contre la COVID-19 », détaille l’institution. Dans la plupart des cas, les symptômes recensés correspondent à un syndrome pseudo-grippale. Comprendre, « fièvre élevée, courbatures et céphalées ».
Des observations qui l’a poussait hier encore à indiquer « partager la recommandation de l’EMA de poursuivre la vaccination avec le vaccin AstraZeneca ». Reste à savoir si elle ne changera son fusil d’épaule dans les prochains jours. Cela, à l'image du gouvernement français.