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Le 8 mars 2019, une femme de 52 ans est découverte inanimée par son fils dans son lit, dans sa maison de Saint-Christoly-de-Blaye. « Aucun élément n’incite à penser à l’intervention d’un tiers », précise la juge Julie Manlay à l’audience suivie par le journal Sud Ouest.
Et pourtant, un médecin est bien jugé ce mardi, à la barre du tribunal judiciaire de Libourne pour homicide involontaire. C’est lui, qui, à l’époque médecin régulateur du Samu, avait reçu l’appel de la victime.
La quinquagénaire avait en effet appelé les pompiers, avant d’être transférée vers le 15. Elle se plaignait de douleurs à la poitrine et dans le bras, parmi d’autres symptômes.
Le médecin avait alors conclu à un reflux gastrique et exclu tout problème cardiaque, la renvoyant vers son médecin traitant, selon le quotidien régional.
L’autopsie est pourtant claire : la quinquagénaire est bien décédée d’une défaillance cardiorespiratoire aiguë.
« Induit en erreur »
« J’ai fait une erreur. Je peux le dire aujourd’hui, même si j’ai eu du mal à la reconnaître au début. Il faut dire qu’on fait ce métier pour sauver des vies…», confie à la barre le jeune médecin, aujourd’hui âgé de 37 ans.
Pour justifier son erreur diagnostique, il évoque le calme de la victime : « elle était très posée et ne semblait pas en grande souffrance alors que, normalement, avant un infarctus, les gens ont une sensation de mort imminente ».
Il estime aussi avoir été « peut-être » induit en erreur par l’agente de régulation médicale qui, avant de lui passer la victime, a placé cet appel « en orange », synonyme d’urgence relative, sans envoyer les pompiers.
« Maman ne montrait pas facilement ses émotions. Je la reconnais bien là », confie sa fille qui a porté plainte « pour que le nécessaire soit fait, pour que cela n’arrive pas à d’autres », argue son avocat.
Faute oui, mais pas homicide involontaire
Des mots-clés comme « la sensation d’étau » ou encore « la douleur entre les deux seins » – auraient en effet dû mettre la puce à l’oreille de l’urgentiste.
Pour sa défense, le prévenu évoque la centaine d’appels reçus par le service, et la distraction causée par les interventions en cours.
Si, pour le parquet, la faute est bien caractérisée « au regard des différentes expertises », l’homicide involontaire ne l’est pas. La vice-procureure Charline Fine a rappelé que pour ce chef d’accusation, il faut un lien de causalité certain. « L’envoi d’un Smur aurait-il permis de sauver la victime ? Aucune certitude », estime-t-elle.
De plus, la victime a été découverte presque 36 heures après l’appel. Pour le ministère public, il manque un élément constitutif de l’infraction.
« Après cinq ans de procédure, la famille aura certainement un goût amer », reconnaît Charline Fine. « Mais je suis ici pour faire du droit ».
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 28 janvier 2025.
Source:
Sud Ouest
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