Guadeloupe : « La police a débarqué sur le piquet de grève du CHU et ils ont tout écrasé »

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Les forces de l'ordre ont démantelé lundi le piquet de grève des manifestants contre l'obligation vaccinale, situé depuis plusieurs mois devant le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre et symbole de la crise qui secoue la Guadeloupe.

Guadeloupe : « La police a débarqué sur le piquet de grève du CHU et ils ont tout écrasé »

"On a mis en œuvre ce qui nous avait été demandé par une grande partie de la population (...) la sanctuarisation du CHU", a expliqué le préfet Alexandre Rochatte sur RCI, en accord avec les manifestants qui soutenaient les soignants ce week-end.

"Nous avons mis en œuvre une décision de justice qui était celle de dégager tous les accès du CHU pour que l’ensemble des personnels soignants mais aussi des malades puissent y avoir accès et qu’il n’y ait plus d’épisode de violence comme ceux que nous avons connus la semaine dernière" au sein de l'établissement, a-t-il poursuivi.

Selon lui, "quatre interpellations pour des violences" contre les forces de l'ordre et deux gendarmes blessés ont été recensés, après des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre en fin de matinée après le démantèlement du piquet de grève.

La première interpellation, qui aurait mis le feu aux poudres, est celle de "quelqu’un qui a cherché à forcer un barrage", a précisé le préfet. C'est celle "d'un camarade qui voulait rentrer pour aller aux toilettes", selon Elie Domota, leader du collectif LKP opposé à l'obligation vaccinale.

A 3H00 du matin lundi, "la police a débarqué sur le piquet de grève du CHU et ils ont tout écrasé. Quand on est arrivé, on a constaté qu'ils bloquaient les deux entrées du CHU et qu'ils interdisaient à tout manifestant de rentrer. On a bien compris la manoeuvre, c'est la privation des droits et des libertés", a déclaré à l'AFP Maïté Hubert M'Toumo, secrétaire générale de l'UGTG, syndicat engagé dans le collectif d'organisation contre l'obligation vaccinale.

« Ce qui se passe là c’est le début des affrontements, et c’est grave ! »

La Guadeloupe a été secouée en novembre par un violent mouvement social, qui a démarré avec la contestation de l'obligation vaccinale des soignants.

Si le combat contre l'obligation vaccinale ne concerne plus désormais que certains manifestants qui maintiennent des meetings et des actions sporadiques, le piquet de grève toujours en place devant le CHU deux mois plus tard en était devenu le symbole.

Il y a une semaine, le directeur du CHU de Guadeloupe Gérard Cotellon et ses deux adjoints avaient dû être exfiltrés par la police de leurs bureaux assiégés par des militants anti-vax.

Pour Widdy, un manifestant cagoulé qui faisait face lundi aux forces de l'ordre, "ce qui se passe là, c'est le début des affrontements, c'est empêcher de faire grève et c'est grave. La Guadeloupe va exploser c'est sûr, elle va brûler sauf si le préfet prend les dispositions nécessaires pour suspendre le pass vaccinal en Guadeloupe", a-t-il indiqué à l'AFP.

Par ailleurs, "trois barrages" ont été érigés tôt lundi matin sur la commune de Basse-Terre, a indiqué à l'AFP une source policière. "Un véhicule de police a été brûlé" et les forces de l'ordre ont essuyé des "jets de cailloux", selon la même source.

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre un motard chutant lourdement devant un barrage enflammé à Rivière des Pères. Les pompiers ont confirmé que le motard a été "transporté en état grave au Centre hospitalier de Basse Terre".

Des pics de 10 à 20 cm de long ont été jetés sur la route et de l'huile de vidange a aussi été déversée sur les axes concernés, selon la même source policière.

Samedi, plusieurs centaines de personnes ont participé à un rassemblement citoyen pour dire "stop" aux violences contre le personnel hospitalier de l'île. Des soignants sont venus témoigner d'un climat "de terreur" au CHU et déploré le climat généralisé de désinformation autour de la crise sanitaire.

Avec AFP

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