Grève : la première clinique de France en souffrance

Article Article

La meilleure clinique de France (Saint-Grégoire) est touchée par une grève depuis lundi. Les syndicats dénoncent une dégradation des conditions de travail, et réclament des effectifs supplémentaires et une revalorisation salariale.

Grève : la première clinique de France en souffrance

Côté pile : le centre hospitalier privé (CHP) Saint-Grégoire (groupe Vivalto santé) de Rennes est arrivé en 2018 en tête du palmarès annuel des hôpitaux et cliniques de France du Point, pour la neuvième année consécutive.
 
Côté face : l’établissement breton est touché par une grève depuis lundi, si bien qu'il a été contraint de reporter l'activité programmée et de réquisitionner du personnel pour assurer la permanence des soins, selon l’Agence de presse médicale (APM).
 
Un préavis de grève illimitée a été déposé par une intersyndicale rassemblant la CFDT, la CGT et SUD santé-sociaux, afin de dénoncer une "dégradation des conditions de travail depuis plusieurs années". Le personnel gréviste se dit "à bout" et estime ne pas être en mesure de pouvoir soigner les patients comme il le devrait.
 
Dans cette clinique de 500 lits et places qui emploie 841 salariés et travaille avec 271 praticiens (chiffre d'affaires 2017 de 80,7 M€), "une centaine de salariés sont grévistes", selon la porte-parole de Vivalto santé. Conséquence : toutes les interventions non urgentes ont été décalées et la clinique a adressé une demande à la préfecture pour réquisitionner une quarantaine de salariés afin d'assurer la permanence des soins.
 

300 à 350 grévistes

Nos confrères de 20 minutes évoquaient quant à eux "une mobilisation massive et assez inédite", recensant ce mardi 300 à 350 grévistes, dont une cinquantaine réquisitionnés par la direction dans les services.
 
Le personnel dénoncerait depuis plusieurs mois des cadences infernales et un manque de moyens. "Tous les services sont en manque d’effectif. Du coup, les salariés sont en souffrance avec des arrêts de travail qui se multiplient", a indiqué à 20 minutes Rozenn Cotto, déléguée CFDT.
 
"Les plannings changent tout le temps, la direction ferme des lits avant de les rouvrir en urgence. On manque clairement de visibilité et cela désorganise totalement les services", a poursuivi Fabienne Le Buhan, déléguée CGT.

Du côté de la direction, on indique que des revendications sur les conditions de travail lui ont été formulées "dans un contexte de tensions sur les effectifs" : l'épidémie de grippe (qui a bon dos) aurait touché largement la population et le personnel ces dernières semaines, tandis que l’"activité chirurgicale était particulièrement importante".
 
La direction précise également "avoir rencontré à plusieurs reprises l'intersyndicale pour présenter les mesures correctives relatives aux remplacements et aux recrutements". Un engagement aurait d’ailleurs été pris "pour mettre en place des mesures afin d'éviter de nouvelles tensions sur l'activité. Les discussions étaient en cours avec les représentants syndicaux. Néanmoins, un préavis de grève a été déposé, dans lequel une nouvelle revendication concernant l'augmentation des salaires est apparue", rapporte la direction.

Le personnel n’a jamais le droit à une reconnaissance financière

 
Ces revendications salariales sont d’autant plus fortes qu’elles contrastent avec l’autosatisfaction de la direction qui ne manque pas une occasion de rappeler que la clinique est en tête du palmarès du Point. "La direction se vante à chaque fois de cette première place. Par contre, le personnel n’a jamais le droit à une reconnaissance financière", a confié à 20 minutes Fabienne Le Buhan. Quant à Rozenn Cotto, elle rappelle que "la dernière augmentation n’a été que de 0,5 % en 2017. C’est clairement insuffisant".
 
Aux dernières nouvelles, une réunion s'est tenue ce mardi avec l'intersyndicale, la direction proposant d’aborder immédiatement les mesures relatives aux conditions de travail tout en faisant des propositions.  
 
Elle aurait également proposé d'ouvrir la négociation sur les salaires dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire, le mardi 23 avril prochain. Mais l'intersyndicale a refusé de poursuivre toute discussion sans réponse immédiate sur les demandes de revalorisation salariale. Si bien que la grève se poursuivait encore aujourd’hui.
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers