© Marine Bravetti / iStock
What’s up Doc : Pouvez-vous rappeler en quoi consiste la radiologie interventionnelle ?
Marine Bravetti : La radiologie interventionnelle est une spécialité qui gagne à être connue. C'est une troisième voie aux spécialités médicales et chirurgicales. Nous réalisons des actes variés mais de manière mini invasive.
J'ai suivi mes études à Nancy et je ne savais pas trop ce qu’était la radiologie interventionnelle jusqu'à l'internat. J'ai choisi la radiologie parce que j'aimais bien le côté technique de la spécialité mais j'hésitais beaucoup avec la cardiologie et la coronarographie. Puis, j’ai découvert la radiologie interventionnelle vasculaire qui cochait toutes les cases.
Je suis donc partie à la Pitié-Salpêtrière à Paris pour poursuivre mon internat. Et désormais je suis cheffe de clinique.
La réforme de l'internat nous permet de choisir l’option « radiologie interventionnelle avancée. » Les internes en radiologie accèdent à une phase d'approfondissement de 4 semestres, soit 2 ans supplémentaires.
La radiologie interventionnelle est une spécialité polyvalente. On peut très bien faire de l'oncologie, comme de la médecine d’urgence en prenant en charge des hémorragies graves par exemple.
De mon côté, je me suis spécialisée dans la santé de la femme, je peux traiter les varices pelviennes comme les nodules d'endométriose. Je prends aussi en charge l’arthrose et des adénomes de prostate. Je peux exercer en hôpital comme en libéral. Les actes réalisés sont mini invasifs et ne nécessitent pas de récupération longue des patients. La grande majorité des opérations se font en ambulatoire.
La radiologie interventionnelle est moins connue en France qu’ailleurs, pourquoi ?
MB : Nous sommes à cheval entre la chirurgie et la radiologie. En France, ce n’est pas encore un « réflexe » d’adresser le patient à un radiologue interventionnel plutôt qu’à un chirurgien. C’est davantage répandu aux États-Unis où il y a des centres qui pratiquent exclusivement la radiologie interventionnelle.
« On se doit de préciser certaines interventions peuvent provoquer des douleurs même si de l’extérieur c’est presque invisible. »
Comment expliquez-vous la prise en charge aux patients ?
MB : Nous réalisons toujours une consultation avant l'intervention pour tout expliquer. Beaucoup viennent en pensant qu’il s’agit d’un examen de radiologie. Mais, parfois nous avons des patients qui ont réalisé leurs propres recherches et savent où ils mettent les pieds. Par exemple, j’ai déjà eu le cas d’une femme à qui on a proposé de retirer l’utérus pour des fibromes sans aucune alternative à part la chirurgie. D’elle-même, elle a découvert la radiologie interventionnelle avec une solution mini-invasive.
Donc, la consultation préalable dépend du profil du patient. On doit adapter notre discours.
En revanche, on explique systématiquement que l’intervention se déroule dans un bloc opératoire pour ne pas les surprendre le jour J. On explique également qu’il n’y a pas d'incision. En général, ça rassure beaucoup.
On aborde aussi le post-opératoire. La récupération va être beaucoup plus rapide même s’il y a un arrêt de travail. Mais on se doit de préciser certaines interventions peuvent provoquer des douleurs même si de l’extérieur c’est presque invisible.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/radiologie-interventionnelle-le-cabinet-2486
Pensez-vous que la radiologie interventionnelle est vouée à remplacer la chirurgie dans de nombreux cas ?
MB : C’est compliqué à dire, mais dans tous les cas, la radiologie interventionnelle ne peut pas remplacer totalement certaines chirurgies. L’essentiel est de travailler ensemble et en bonne intelligence. Il faut faire tomber l'idée préconçue que la radiologie interventionnelle traite que les patients qui sont refusés par la chirurgie. Il y a effectivement moins de contraintes anesthésiques et une récupération moins lourde, mais on peut traiter tous les patients.
« La radiologie interventionnelle ne peut pas remplacer totalement certaines chirurgies. L’essentiel est de travailler ensemble et en bonne intelligence. »
Un dernier message ?
MB : Il y a beaucoup de jeunes qui veulent faire de la radiologie. Pensez à la radiologie interventionnelle ! Surtout pour celles et ceux qui ont hésité entre chirurgie et radiologie. J’ai aussi un message pour les jeunes femmes : nous sommes vraiment sous-représentées dans le milieu. Dépassez le plafond de verre, nous avons besoin de vous.
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