Épilation par lumière pulsée : les dermatos sont véners

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Les esthéticiens pourraient finalement être autorisés à pratiquer l’épilation par lumière pulsée. Une décision qui hérisse le poil des dermatologues-vénérologues, qui espèrent bien garder le monopole sur un acte esthétique plutôt rémunérateur.

Épilation par lumière pulsée : les dermatos sont véners

Les dermatologues sont de mauvais poil. Et ça se comprend : on veut encore leur arracher un acte totalement médical ! Un projet de décret prévoirait d’autoriser du personnel non médical à pratiquer les épilations par lumière pulsée, rapporte le Quotidien du médecin. Une pratique pourtant hautement technique, et qui nécessite plus de dix ans d’études.
 
Pour l’instant, un arrêté datant du 6 janvier 1962 plutôt clair fixe les limites de son utilisation : les épilations, sauf celles « à la pince ou à la cire », font partie des actes qui « ne peuvent être pratiqués que par les docteurs en médecine », au même titre que la réduction des déplacements osseux ou les massages prostatiques et gynécologiques. Des centres d’esthétique qui ne comprennent pas ce monopole ont déjà fait des tentatives concurrentielles, mais la loi les a systématiquement rappelés à l’ordre. Les condamnations se sont succédé pour laisser la place nette aux dermatos, après des plaintes déposées par le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV).

Un décret à contre-poil

Si ce projet venait à aboutir, des travailleurs de tout poil pourraient donc se joindre à la fête : infirmiers ou esthéticiens, en première ligne, qui en demandent depuis des années l’autorisation. Plus précisément, « tout infirmier, tout professionnel paramédical exerçant sous la responsabilité d’un médecin ou tout esthéticien qui délivre une prestation d’épilation avec ce type d’appareil au consommateur ». Cette autorisation serait conditionnée par une attestation de compétences valable cinq ans.
 
Une décision qui tombe sur le poil des dermatos qui tentent de se défendre bec et ongles… « Un diagnostic doit être posé avant l’utilisation d’une technologie fondée sur la lumière, qui a une action thérapeutique en profondeur sur les cellules et les tissus », conteste ainsi le Dr Luc Sulimovic, président du SNDV. Pire ! Avec un poil de chance, les dermatos qui pulsent peuvent parfois diagnostiquer des pathologies en pleine séance d’épilation, et déléguer cette tâche essentielle à des vulgaires quidams reviendra sans doute à condamner des patients à la suite d’un retard de diagnostic, comme le laisse comprendre le Dr Sulimovic.

Des esthéticiens mous du bulbe ?

Le syndicat fait aussi valoir la dangerosité des appareils modernes, bien plus puissants qu’auparavant, et régulièrement responsables de brûlures ou d’autres effets indésirables, liés notamment à une mauvaise prise en main des machines… À un poil près, on friserait la condescendance (ou la mauvaise foi).
 
Les dermatos n’auraient-ils pas plutôt peur de se retrouver à poil ? L’épilation peut représenter entre 10 et 20 % de l’activité de ceux qui la pratiquent, comme l’explique le président du SNDV. Ce décret poil à gratter pourrait donc leur faire peur. Mais qu’ils ne s’inquiètent pas : en délégant cette tâche, ils pourront retrouver du temps médical qu’ils recherchent tant. Un temps qu’ils pourront consacrer à dépister des patients qui auront ainsi la possibilité de consulter dans des délais raisonnables. Au poil !
 
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