CSMF : Jean-Paul Ortiz rempile

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Présidence, acte II

CSMF : Jean-Paul Ortiz rempile

Pour What’s up Doc, le président de la CSMF revient sur un premier mandat marqué par l’opposition constante avec Marisol Touraine, et annonce le programme pour la suite.

À peine réélu le 10 mars dernier, et déjà sur les dossiers chauds. Pratiques avancées des infirmières, compensation de la hausse de la CSG (déjà négociée), télémédecine… Jean-Paul Ortiz, néphrologue à Cabestany (Pyrénées-Orientales), a pris sa propre succession à la tête de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Et il a déjà du boulot.

Il s’attend à ce que ce nouveau mandat soit celui du dialogue avec le ministère de la Santé, après une période Hollande marquée par une guerre de position contre Marisol Touraine. Pour What’s up Doc, le Catalan revient sur les quatre années passées et sur celles à venir.

What’s up Doc. Que retenez-vous de votre premier mandat à la tête de la CSMF ?

Jean-Paul Ortiz. C’est un mandat qui s’est déroulé dans des conditions difficiles. Quatre années d’opposition d’une ministre avec laquelle il était très compliqué de discuter. Elle s’était mis tout le monde à dos, et la crispation dure encore aujourd’hui...

WUD. Auriez-vous pu faire les choses différemment ?

JPO. Je ne peux pas dire que j’aurais pris des décisions différentes, mais je me pose tout de même des questions. Comment en est-on arrivé à un conflit aussi dur avec Marisol Touraine ? Est-ce la faute de la ministre, ou avons-nous loupé quelque chose ?

WUD. L'exercice et le contexte ont changé. En quatre ans, la ligne politique de la CSMF est-elle la même ?

JPO. Lors de ma première élection, j’avais dit qu’il fallait évoluer, notamment dans la manière dont les médecins exercent. On m’avait alors qualifié de candidat « novateur ». Et en quatre ans, certaines positions ont changé au sein de la CSMF. Nous avons compris que l’exercice médical se ferait en groupe, au sein de maisons pluriprofessionnelles par exemple. Ce qui ne veut pas dire que nous ne défendrons plus les médecins isolés. Mais il faut accompagner cette mutation.
La CSMF s’intéresse plus à la formation initiale, et à l’accueil des internes. Ils ont l’occasion de découvrir l’exercice d’un généraliste lors de stages de six mois, voire un an, mais chez les spécialistes, c’est catastrophique. Appréhender l’exercice libéral est la condition pour qu’ils s’installent par la suite.

WUD. La CSMF a parfois été critiquée pour avoir favorisé les spécialistes. Ce n’est plus le cas ?

JPO. Aujourd’hui, la problématique des médecins généralistes a envahi les médias. Je partage le constat sur les difficultés de leurs conditions d’exercice, mais je regrette qu’ils focalisent l’attention. Les patients se plaignent de ne pas trouver de médecin traitant, mais le problème est le même chez les spécialistes. Mais la CSMF réunit les deux. Nous veillons à cet équilibre, dans nos engagements comme dans notre bureau.

WUD. Ces difficultés ont un peu détourné les jeunes médecins de la médecine libérale. L’exercice mixte pourra-t-il les attirer ?

JPO. Avec cette élection, nous envoyons un signe fort d’ouverture aux jeunes générations. Nous avons intégré un chef de clinique dans notre bureau, ce qu’aucun autre syndicat senior n’a fait, ainsi que trois autres jeunes quadras.
L’exercice mixte est un mode que je prône. Multi-sites, consultations avancées… Seule la médecine libérale autorise cette souplesse d’exercice.

WUD. Agnès Buzyn a remplacé Marisol Touraine. Quelles sont les relations des syndicats avec elle ?

JPO. Depuis quelques mois, on observe une volonté de dialogue. Je salue quelques décisions courageuses qu’elle a prises, notamment sur la vaccination. Le Pr Alain Fischer avait travaillé pendant des mois pour rendre un rapport à l’automne 2016, et malgré les multiples appels que nous avons lancé à la ministre de la Santé de l’époque, rien n’avait été décidé.
Son opposition à la coercition à l’installation est une autre décision importante. Malgré les relances de députés et de sénateurs qui n’ont toujours pas compris que ça ne résoudrait rien, elle nous a soutenus. Comme Marisol Touraine d’ailleurs qui, de ce côté, avait tenu bon. C’est une chose qu’il faut lui reconnaître.

Retrouvez ci-dessous La Consult’ de Jean-Paul Ortiz par What’s up Doc !

Source:

Jonathan Herchkovitch

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