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Le Dr Nadia Chaumartin est médecin généraliste depuis douze ans et chef de service de spécialité médicale au groupe hospitalier Paul Guiraud (92) depuis deux ans. C’est un service transversal qui regroupe une douzaine de médecins généralistes mais aussi des spécialistes et des paramédicaux. Il a pouir tâche de repérer des pathologies somatiques chez les patients hospitalisés en psychiatrie.
Au tout début de l’épidémie, le Dr Chaumartin a été chargée, au sein d'une cellule de crise, de repenser l’organisation de cet établissement de quelque 600 lits, en fonction de la progression de l’épidémie Covid-19. « Les psychiatres nous ont confié la mission de nous organiser pour faire face au coronavirus.Dans un premier temps je me suis rapproché d’un infectiologue d’un hôpital militaire pour nous aider. Nous devions prendre des mesures pour limiter la contagion parmi nos patients. Nos patients sont dans des milieux fermés propices à une certaine promiscuité ce qui favorise la contagion. »
Une première décision a été prise, à savoir l’organisation des patients en grande cohorte : « On m’a alors conseillé de faire du cohorting, l’organisation en cohorte de nos patients. Il fallait séparer les patients malades, les patients fragiles, les patients nouvellement entrants possiblement infectés par le coronavirus et les patients bien portants, sans fragilité particulière. Nous avons travaillé sur cette stratégie avec l’aide de notre président de CME. Nous avons par ailleurs assez peu de moyens pour faire de la médecine, nous ne sommes pas en MCO. D’où la complexité de la procédure. »
Service Covid+
Quoi qu’il en soit, malgré les difficultés inhérentes à l'établissement, le Dr Chaumartin parvient à isoler les patients Covid+ : « Pour les patients malades du Covid19, eu égard au fait que nous avions beaucoup de collègues malades, nous avons décidé de transformer un de nos services de psychiatrie dans lequel il y avait eu trois ou quatre cas Covid+. Le personnel étant déjà présent, nous avons demandé un matériel un peu plus médical, nous avons lancé un appel aux soignants volontaires pour travailler dans cette unité. Nous avons ouvert cette unité en fin de semaine dernière, nous avons déjà reçu pas mal de patients. »
Attention ! Cette nouvelle unité de 23 lits n’est pas non plus un nouveau service de réanimation : « Dans un premier temps cette unité est pensée pour séparer les malades des bien portants mais ils se portent relativement bien. Nous n’avons pour l’heure que deux patients qui ont reçu un peu d’oxygène à faible dose. En cas de difficulté nous transférons nos patients en réanimation. Il est possible que l’on fasse prochainement de l’oxygénothérapie un peu plus intensive.»
En cas d’afflux de nouveaux patients, il est fort possible qu’un autre service soit dédié à l’accueil des patients Covid+ : « J’ai pensé qu’il faudrait étendre cette unité, il se trouve qu’un autre service de l’hôpital a connu 4 cas, j’en ai récupéré deux mais il en reste deux. Ce service, cette unité pourrait devenir une deuxième unité covid+. On ne prendrait que des patients fragiles dans cette première unité. »
Au final, cette réorganisation qui s’annonçait herculéenne semble s’être mise en place sans encombre : « Il faut obtenir l’adhésion de tout le monde dans une situation qui plus est totalement inconnue, dans laquelle on improvise pas mal, où l’on prend des décisions sur une base intuitive à partir de conseils d’infectiologues et de réanimateurs. J’ai estimé que des médecins militaires étaient les plus à même de nous répondre dans un contexte de crise. Il fallait amener tout le monde à comprendre l’urgence, l’importance du phénomène et faire en sorte que l’ensemble des personnels puisse s’emparer de cette stratégie que l’on a mis en place. »