CHU de Guadeloupe : Rififi au sommet

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DGS et ministère des Outre-mer divisés

CHU de Guadeloupe : Rififi au sommet

Après l’incendie qui s’est déclaré fin novembre au CHU de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), l’heure est au grand nettoyage. Mais la méthode recommandée par la Direction générale de la santé a été en partie suspendue par la ministre des Outre-mer.

Ça urge. La direction du CHU de Guadeloupe a annoncé la semaine dernière dans un communiqué vouloir mener des travaux d’assainissement de l’air au sein de la tour Sud du centre hospitalier. Après l’incendie qui s’est déclaré le 28 novembre dernier, un hôpital de campagne de la Sécurité civile - le fameux Escrim (Elément de Sécurité Civile Rapide d'Intervention Médicale) - a été mis en place.

Circulez, il n’y a rien à voir

Et depuis quelques semaines, différents services du CHU ont peu à peu réinvesti les lieux. Pour le meilleur, mais surtout le pire, à entendre le « Collectif de défense » qui s’est formé courant février pour dénoncer de nombreux malaises de soignants. « 5 confrères sont en arrêt de travail », et l’un d’eux souffrait de « troubles neurologiques avec un taux élevé de monoxyde de carbone » dans le sang, relate Mona Hedreville, cardiologue et membre du collectif, interrogée par l’AFP.

La direction du CHU a confié au SDIS une mission d’expertise de contrôle de l’air, réalisée le 10 février dernier. Selon les conclusions des investigations, il n'y a rien qui rende « infréquentable » le bâtiment. Les experts ont toutefois précisé « que ces mesures ont été faites à un instant donné ». Mais cela n’a pas empêché de faire monter la tension au sein de l’établissement.

Les « opérations tiroirs » du CHU

C’est autour de la tour Sud que se concentre le mécontentement des soignants. La direction du CHU a décidé que pour réaliser les opérations de nettoyage, les activités de la tour seraient partiellement délocalisées en interne « par le biais d’opérations tiroirs entre services ». Un nettoyage en zone occupée, pour être clair. Or les personnels médicaux et paramédicaux demandaient une délocalisation externe de leurs services le temps d’assainir le bâtiment.

Le week-end dernier, l’État a ajouté son grain de sel, en la personne d’Annick Girardin. La ministre des Outre-mer était en visite dans les Antilles, notamment pour faire un premier bilan après le passage de l’ouragan Irma sur les îles Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Ni une, ni deux, la membre du Gouvernement a décidé de faire un crochet par le CHU de Guadeloupe pour y rencontrer le personnel. 

Girardin VS Buyzn

« J’ai entendu l’inquiétude des personnels, j’ai aussi débattu avec eux de la décision qui avait été prise de ne pas délocaliser ou de ne pas externaliser un certain nombre de services pour pouvoir nettoyer l’ensemble du bâtiment; j’ai donc suspendu une partie de la décision qui avait été prise », a-t-elle indiqué samedi soir à des médias locaux, relate l’AFP.

Le CHU va donc devoir revoir sa copie. Selon la ministre, la décision prise par sa direction n’était pas « suffisamment éclairée ». Une décision qui s’appuyait pourtant sur les recommandations de la Direction générale de la Santé (DGS), administration centrale du ministère d’Agnès Buzyn. Pierre Thépot, DG du CHU de Guadeloupe, évoque à l’AFP un plan réfléchi « en lien étroit avec la DGS ». Oups ?

Source:

Thomas Moysan

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