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Rentrée sous surveillance pour les 500 généralistes que l’Assurance maladie soupçonne d’être plus généreux que leurs confrères.
L’organisme, qui cherche notamment économiser sur les arrêts maladie longue durée, a ciblé 500 praticiens pour les inviter à réduire de 20% à 30% leurs prescriptions dans les six mois. Ceux-ci pourront se voir infliger une amende en cas de non-respect.
Tous les syndicats appellent à refuser ce plan de « mises sous objectifs », vécue comme une « aberration anti-déontologique », comme le caractérise la présidente du SML Sophie Bauer.
Paiement sous contrôle
Le Dr Oliver Decroix fait partie des médecins ciblés. Il a reçu en juin, de la part de sa caisse départementale, une proposition de mise sous objectifs de ses prescriptions.
L’organisme lui reproche un nombre d’indemnités journalières par patient deux fois plus élevé que pour des prescripteurs comparables. C’est-à-dire des médecins exerçant dans des territoires similaires d'un point de vue socio-économique et d’offre médicale.
« On soigne des patients et on nous demande de respecter des chiffres », fustige auprès du Parisien ce généraliste exerçant à Pessac (Gironde).
Olivier Decroix a rejeté la proposition de la CPAM. Ses prescriptions seront donc examinées par les médecins-conseil de l’organisme, qui autoriseront ou non le paiement à l'assuré.
« Accepter revient à admettre que j’ai fauté, que j’ai accordé des arrêts non justifiés par l’état de santé de mes patients », reprend-t-il, rappelant que sa patientèle exerce souvent dans des métiers physiques et pénibles.
Quid des maladies mentales ?
Les maladies mentales figurent également parmi les premières causes d’arrêts longue durée. « Quand un patient vient me voir et prétend qu’il ne se sent pas bien psychologiquement, la situation est difficilement objectivable », souligne la Dr Catherine Dupont-Biscaye, vice-présidente de l’Ordre des médecins de Gironde, toujours au Parisien.
Pour la médecin ordinale, le problème se situe plutôt du côté des délais d'accès aux psychiatres ou autres spécialistes, et de l’« évolution sociétale » qui pousse les patients à « facilement réclamer » des arrêts.
L’Assurance maladie prévoit une deuxième campagne de contrôle des arrêts-maladies en janvier 2026. Ces opérations lui ont déjà permis d'économiser 160 millions d'euros en deux ans, selon franceinfo.
Pour lutter contre la fraude, l’organisme impose également, à compter de ce jour, un formulaire unique pour la prescription papier.