Vaccination en pharmacie : Le Combat des chefs

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Médecins VS pharmaciens

Vaccination en pharmacie : Le Combat des chefs

La guéguerre continue entre pharmaciens d’officine et médecins libéraux sur l’expérimentation vaccinale contre la grippe dans les pharmacies. Les premiers chiffres sont sortis : encourageants selon les premiers, décevants pour les seconds. Ce sont pourtant les mêmes…

En place depuis l’automne 2017, l’expérimentation de la vaccination antigrippale en pharmacie a livré ses premiers résultats. Les médecins libéraux, qui s’y étaient opposés dans les débats sur la mesure, continuent de montrer leur désaccord.

Dans un communiqué diffusé il y a quelques jours, MG France semble toujours dubitatif. D’après des chiffres que s’est procurée RMC, 156 000 personnes auraient été vaccinées dans les deux régions test. Pour le syndicat, « ce chiffre seul, qu'il faudra affiner par département, ne permet pas de conclure que le taux de couverture a été amélioré. On peut même en douter ».

Une stabilité à 3,76 %

L’expérimentation a été menée dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine. D’après les chiffres de l’Ordre des pharmaciens, publiés le 24 janvier dernier, 152 406 personnes avaient été vaccinées depuis le début du mois d’octobre 2017 (55 415 en Nouvelle Aquitaine et 96 991 en Auvergne-Rhône-Alpes), cela dans plus de 5 000 officines.

MG France rappelle que le test avait pour but d’augmenter le nombre de vaccinateurs, et donc la couverture des personnes à risque, sauf que les données récoltées pour l’ancienne région Limousin montrent un taux de vaccination « stable ». Au 31 décembre 2017, il était tout de même en hausse de 3,76 %, d’après les chiffres RMC relayés par MG France. Oui, mais plus de bons de vaccination ont été distribués, remarque le syndicat. Mauvaise foi, avez-vous dit ?

Médecins KO, pharmaciens OK

De l’autre côté, les pharmaciens exultent ! « C’est clairement un succès », s’était félicitée fin janvier dernier Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens, à l’occasion de la publication du premier bilan. Plus de 40 % des officines ont participé. « C’est beaucoup mieux que ce que nous attendions », a souligné la présidente. Environ deux fois plus.

Pas de chance pour les médecins, Agnès Buzyn se joint à cette analyse positive. Interrogée sur RTL, elle a confirmé que cette possibilité des pharmaciens de vacciner était « un des moyens de faciliter l’accès aux vaccins ». Les textes en vigueur permettent déjà d’étendre l’expérimentation à deux régions supplémentaires.

Agnès Buzyn est favorable à une extension, car elle souhaite « rapprocher le moment de la vaccination du moment où on achète le vaccin ». Réduisant ainsi les pertes de patients qui ont leur prescription mais ne vont pas plus loin, et ceux qui ont leur vaccin mais ne passent pas à l’acte.

Baroud d’honneur

Et puis, ça coûte moins cher en pharmacie ! Seulement 4,50 euros avec une prescription médicale, et 6,30 euros avec un bon de prise en charge. Faux, faux, et encore faux, rétorque MG France. « Les médecins généralistes réalisent la vaccination anti-grippale de leurs patients durant une consultation de suivi habituel », signale-t-il. « Il n’y a donc aucun coût additionnel, alors que les pharmaciens sont rémunérés pour cet acte ».

Peut-être, sous réserve que les patients viennent en consultation avec leur vaccin sous le coude. Ou alors que des vaccins soient mis à disposition chez les médecins traitants. Une chose que MG France demande, justement, car cela permettrait « d’améliorer sans frais la couverture vaccinale ».

Dernier point abordé par le syndicat dans son communiqué : le manque de retour d’information. Les généralistes regrettent que les pharmaciens et infirmières autorisés à vacciner n’informent pas systématiquement le médecin traitant d’un acte vaccinal. Mais c’est sans doute la dernière année que cela se passe ainsi. Vivement le DMP ! il sera bien relancé en 2018, c’est promis !

La ministre de la Santé a signalé qu’elle recevrait les pharmaciens, mais aussi les infirmières et les médecins libéraux pour envisager l’extension de l’expérimentation. « Pour ne pas qu’une profession se sente malmenée », a-t-elle souligné. Bonne ambiance assurée !

Crédit photo : capture d'écran Dexter (Showtime)

Source:

Jonathan Herchkovitch

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