Négo conventionnelle : la messe est dite

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Et c’est la FMF qui a mangé l’hostie

Négo conventionnelle : la messe est dite

C’est désormais une certitude : la nouvelle convention médicale 2016 sera bien adoptée, la FMF s’étant prononcée dimanche en faveur du texte. La lumière sur cet étonnant épilogue.

 

Il est né le divin enfant. Au terme de six mois d’âpres négociations entre l’Assurance maladie et les syndicats, le sort de la nouvelle convention médicale est scellé : ce sera un oui. La FMF a opté pour une « signature de combat », selon les mots de son président. Le syndicat, défenseur acharné d’une médecine très libérale, embraye ainsi le pas à MG France, premier syndicat généraliste, et au Bloc, pour les spécialistes de bloc opératoire, qui s’étaient prononcé en faveur du texte au début de l’été.

À l'issue d’une assemblée générale houleuse, les adhérents de la FMF ont donné dimanche leur bénédiction au texte, à 53 % contre 47 %. Une décision sur le fil, qui peut étonner de la part d’un syndicat aussi hostile à l’actuelle locataire de l’avenue Dusquesne.  « Tous ceux qui ont voté oui l’ont fait en traînant les pieds, et ceux qui ont voté non ne voulaient pas faire le moindre cadeau à Marisol Touraine », lâche Jean-Paul Hamon, président de la FMF.

Heureux les riches en esprit

Mais on ne refuse pas le cœur léger un cadeau chiffré à 1,3 milliard d’euros, dont 960 millions par la seule Assurance maladie. La revalorisation des consultations des généralistes à 25 €, mesure-phare de cette nouvelle convention, représente à elle seule un montant de 16 000 € par an et par praticien. S’y adjoignent la revalorisation de certains actes chirurgicaux et l’augmentation de la consultation de cardio, concessions de dernière minute à des spécialistes peu jouasses.

En bon médecin, le président de la FMF fait reposer ce choix sur un calcul coût-bénéfice. « Une gauche en mal de réélection sera certainement plus généreuse qu’une droite fraichement réélue », estime-t-il, jugeant malgré tout le texte « insuffisant et peu structurant ». Un choix de raison et non de cœur, renforcé par une conviction : « dans le contexte ultra-sécuritaire actuel », la santé sera le parent pauvre du débat électoral en 2017.

Les premiers seront les premiers

Mais le choix de la FMF est aussi un moyen de peser sur l’avenir de la convention : en signant, le syndicat s’assure de siéger aux instances paritaires en charge de son application. « Cerise sur le gâteau », se réjouit Jean-Paul Hamon, la FMF en profite pour damer le pion à ses concurrents, puisque l’adoption de la convention est désormais acquise. Prévues cette semaine, les décisions du SML et surtout de la CSMF, premier syndicat de la profession, ne changeront plus rien à l’affaire.

« C’est une très bonne nouvelle », s’est quant à lui félicité Nicolas Revel, patron de l’Assurance maladie, à l’annonce de l'évangile. Outre la revalorisation des tarifs, la convention 2016 prévoit aussi une hiérarchisation plus claire des consultations, une aide de 50 000 euros à l’installation en zone sous-dotée, ou encore une réforme du CAS. Les plus pressés peuvent d’emblée se plonger dans le texte révélé, mais nous aurons cinq ans pour en faire l’exégèse…

Source:

Yvan Pandelé

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