« Faire ensemble » : une façon de travailler à la lyonnaise

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Attablés dans un bouchon lyonnais à déguster un tablier de sapeur. Et pourquoi pas ? Les projets d’innovation peuvent naître partout dès lors que le lien se fait pour, face à un besoin, mettre les idées en musique. « Proximité, réseautage, culture du "faire ensemble", cette façon de travailler à la lyonnaise nous est enviée », explique Clémence Labat, chargée des sciences de la vie au sein de la direction de l'Innovation et de l'Action économique de la métropole de Lyon. Les « Bio-Tuesdays » ont fêté leurs 20 ans début 2023. Un canevas simple : regrouper tous les deux mois, autour d’un verre, 150 acteurs de l’écosystème régional en sciences du vivant… Pour un total, depuis leur création, de 14 000 participants issus de 450 structures : acteurs de la science fondamentale aussi bien que de la commercialisation des produits, agences réglementaires, structures de soutien, journalistes ou investisseurs.

 

« Faire ensemble » : une façon de travailler à la lyonnaise

© IStock 

Recherche et innovation

« La santé représente un aspect patrimonial de la région de Lyon : tant au niveau privé qu’au niveau académique », décrit Florence Agostino-Etchetto, directrice de Lyonbiopôle. En matière de santé animale tout autant qu’humaine, la place de Lyon est bien fournie en industries internationales : siège de Boehringer Ingelheim France, laboratoire Aguettant, génériqueur Arrow, Merck, en plus de Sanofi-Pasteur et BioMérieux, les deux piliers historiques de la ville. Sans compter Medtronic, Becton Dickinson pour les dispositifs médicaux ou Sigvaris et Thuasne pour les textiles. Pionnier de l’étude du microbiome, MaaTPharma se développe à Lyon depuis 2014. C’est la première société au monde à obtenir une autorisation FDA pour un traitement adjuvant du cancer à base de microbiote.

Les centres de recherche publics y sont également nombreux : Institut de recherche technologique Bioaster, centre de gnomique fonctionnelle, Centre international de recherche en infectiologie (CIRI) et la présence du plus grand laboratoire P4 civil en Europe, géré par l’INSERM. « Avec les dispositifs médicaux et le diagnostic en travsversal, intégrant de plus en plus d’intelligence artificielle, l’écosystème développe des innovations de pointe en infectiologie, dermatologie, neurologie et cancérologie », souligne Florent Gerbaud, en charge de la promotion du secteur à l’agence ADERLY-Invest in Lyon. Au niveau régional, on compte aussi 4 CHU et 2 CRLC.

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Faire émerger des start-up innovantes

« Depuis 20 ans, on accompagne l’émergence d’un très fort écosystème de très petites entreprises innovantes. Un territoire avec une histoire et de l’actualité : le pôle fédère tout cela », poursuit-elle.

Élégamment installé dans le bâtiment EKLAA, au cœur du quartier Confluence où se construit le Biodistrict, Lyonbiopôle entretient des liens forts avec la métropole, la région et les centres de santé, pour assurer le continuum : innovation technologique, innovation par les usages, transformation des organisations. Certaines start-up sont nées dans le sillage du Hacking-Health Lyon (HHL), initié dès 2016 par Gérald Comtet de I-Care Lab. C’est le cas d’Aurélia Javault, anesthésiste, qui a créé la start-up Healing avec 2 orthopédistes suite au HHL 2017. « Inscrite avec une autre idée, le Hackathon m’a donné l’impulsion de la création. Réfléchir 48 heures avec des web-designers et informaticiens permet de comprendre les rouages et les points de blocage. » Leur application Doc’Op propose un suivi personnalisé postopératoire autoapprenant, un lien avec le chirurgien et le kiné, et de l’activité physique adaptée (APA) même sans kiné pour les zones blanches. Il y a aussi Marti, la tablette intelligente qui permet aux patients de toutes les langues de mieux décrire leurs symptômes aux urgences ; Diabeloop, une IA autoapprenante pour diminuer la charge mentale des personnes avec diabète de type I, ou encore le projet e-Bref développé par Romain Rey, médecin hospitalier au Centre lyonnais des aidants en psychiatrie (CLAP) au Vinatier, une application mobile de psychoéducation destinée aux soignants et aux aidants. « Proposer aux acteurs de la filière une passerelle entre ce qu’ils conçoivent et les besoins des usagers, au plus proche du terrain : c’est la posture de I-Care Lab. » Le prochain Health-hacking_Lyon aura lieu en novembre 2023.

Médecin, ingénieur, entrepreneur : le bon trio

« La jeune génération a envie d’entreprendre. En santé, le bon trio, c’est un médecin avec un ingénieur et un entrepreneur. Nous travaillons sur les équipes, en les aidant à se regrouper », explique Anne Guyon. Elle est responsable de programmes santé dans la société d’accélération au transfert de technologies (SATT) Pulsalys, filiale du CNRS, de BPI et d’Université de Lyon. « Lorsqu’un médecin souhaite développer son projet d’innovation, notre enjeu est de bien comprendre ses aspirations profondes : où est le curseur ? » Entre diriger son entreprise ou rester expert médical, tous les schémas sont possibles. Depuis 2013, Pulsalys a investi 34 millions d’euros et accompagné 125 start-up, conduisant à la création de 800 emplois. Plus du tiers dans le domaine de la santé. 

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