Dans le plus grand hôpital de Gaza, les équipes de l'OMS décrivent un « bain de sang »

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Le service des urgences de l'hôpital al-Chifa dans le Nord de Gaza, dévasté par les bombardements israéliens, est "un bain de sang" et ce qui était le plus grand hôpital du territoire palestinien a maintenant besoin d'"être réanimé", selon l'équipe de l'OMS qui s'est rendue sur place.

Dans le plus grand hôpital de Gaza, les équipes de l'OMS décrivent un « bain de sang »

© Midjourney x What's up Doc 

Une équipe de l'Organisation mondiale de la santé et d'autres agences de l'ONU ont pu livrer du matériel médical samedi à l'hôpital, où "des dizaines de milliers de personnes déplacées" se sont réfugiées dans l'enceinte du complexe hospitalier pour se mettre à l'abri, souligne un communiqué de l'OMS publié dimanche, précisant que l'eau potable et la nourriture "manquent".

"L’équipe (qui s'est rendue dans l'hôpital, ndlr) a décrit le service des urgences comme un « bain de sang », avec des centaines de patients blessés à l’intérieur et de nouveaux patients arrivant chaque minute", raconte l'organisation, ajoutant que "les patients souffrant de traumatismes étaient suturés à même le sol et que les moyens pour gérer la douleur sont très limités voire inexistants".

L'hôpital ne fonctionne plus qu'a minima et avec une équipe très réduite et "les patients critiques sont transférés à l'hôpital Ahli Arab pour des interventions chirurgicales".

Les salles opératoires ne fonctionnent plus faute d'oxygène et, selon les mots de l'équipe de l'OMS, l'hôpital "a lui-même besoin d'être réanimé". Seulement 30 patients peuvent recevoir des dialyses.

Un seul hôpital fonctionne partiellement dans tout le Nord de Gaza 

Toute l'infrastructure de santé de la bande de Gaza est durement touchée par les bombardements et les opérations au sol menées par l'armée israélienne depuis l'attaque menée par le Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre. Cette attaque avait fait 1 140 morts, pour l'essentiel des civils et plus de 240 otages, emmenés dans la bande de Gaza par le mouvement islamique.

Depuis lors, l'armée israélienne bombarde sans relâche le territoire palestinien densément peuplé, faisant, selon le gouvernement du Hamas palestinien 18 800 morts depuis le début de la guerre dont 75% d'enfants.

Israël accuse le Hamas de se servir de certains hôpitaux (qui ont un statut de protection spécial dans les lois de la guerre) pour y cacher des armes ou y installer en souterrain des postes de commandements.

L'OMS s'est dit prêt à renforcer al-Chifa "dans les semaines à venir" pour qu'il puisse à nouveau remplir ses fonctions de base.

"Jusqu'à 20 salles d'opération de l'hôpital, ainsi que des services de soins postopératoires, peuvent être activés s'ils sont régulièrement alimentés en carburant, en oxygène, en médicaments, en nourriture et en eau", souligne l'OMS, qui souligne qu'il faut aussi du personnel.

A l'heure actuelle, Ahli Arab est le seul hôpital "fonctionnant partiellement" dans tout le Nord de la bande de Gaza, trois structures hospitalières ne fonctionnant qu'a minima : al-Chifa, al-Awda et al-Sahaba. Avant la guerre il y en avait 24.

L'OMS a également fait part de son inquiétude concernant l'hôpital Kamal Adwan.

Samedi, l'armée israélienne a annoncé avoir découvert des armes et arrêté environ 80 membres du Hamas dans le secteur de cet hôpital du Nord de la bande de Gaza lors de laquelle elle a perpétré un "massacre" selon le mouvement islamiste palestinien.

"Les soldats ont interpellé environ 80 terroristes", "détruit des infrastructures terroristes et localisé de nombreuses armes", d'après l'armée, qui a précisé que du personnel médical avait été "interrogé".

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Selon l'armée, "le personnel a admis que des armes étaient cachées dans des couveuses censées être utilisées pour des bébés prématurés".

Le Hamas a, lui, dénoncé un "massacre horrible" dans l'hôpital, l'armée ayant "détruit avec des bulldozers les tentes des déplacés" qui s'y étaient réfugiés, provoquant "un certain nombre de décès".

Avec AFP

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