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Le budget de la Sécu, qui contient la suspension de l'emblématique réforme des retraites, a été adopté par 247 contre 232. Une victoire arrachée par le Premier ministre Sébastien Lecornu à force de compromis, notamment avec le Parti socialiste.
Les députés Renaissance et MoDem ont unanimement voté pour, rejoints par une écrasante majorité des groupes PS et Liot, membres de l'opposition.
Les abstentions très majoritaires des écologistes ont eu aussi un rôle prépondérant, pour combler celles d'une partie des groupes Horizons et LR, membres du camp gouvernemental, mais échaudés par les concessions au PS. L'alliance Rassemblement national-UDR et les Insoumis ont unanimement voté contre.
Les concessions ont fonctionné
« Depuis trois ans, jamais un budget de la Sécurité sociale n'avait autant été débattu », a déclaré la ministre de la Santé Stéphanie Rist (Renaissance). « C'est une victoire du Parlement », a abondé la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet face à la presse à l'issue du scrutin (Renaissance).
Peu après, Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, a dénoncé au contraire des socialistes qui ont « changé d'alliance » et une « forte responsabilité des écologistes ». Elle a aussi annoncé que son groupe saisirait le Conseil constitutionnel sur ce budget de la Sécu.
Encore il y a peu, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, sur lequel le gouvernement de Michel Barnier était tombé fin 2024. Lors d'un vote presque identique il y a une semaine, l'Assemblée avait une première fois approuvé la copie, soumise à son dernier mot mardi après un dernier passage express au Sénat.
Pour Sébastien Lecornu, cette étape couronne au moins temporairement sa méthode, à coup de consultations et de concessions successives, parfois annoncées par lui-même dans l'hémicycle.
Mais les tractations sur le budget de l'État, elles, se poursuivent avec des négociations décisives jusqu'au week-end, et un accord qui s'annonce bien plus complexe, alors que la date butoir du 31 décembre se rapproche.
Copie largement réécrite, mais pas satisfaisante
Durant les longues semaines de débats sur le budget de la Sécu, le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés.
Ils ont notamment supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.
Mardi, les syndicats FO et CGT ont toutefois manifesté devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.
« Cette taxe d'un milliard pèsera à terme sur nos concitoyens », a prévenu le président de la Mutualité Eric Chenut sur RTL, annonçant que les complémentaires à statut mutualiste augmenteront leurs cotisations en 2026.
Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un « réseau France santé » voulu par Sébastien Lecornu pour l'accès aux soins.
Quant au déficit anticipé pour la Sécurité sociale, il est évalué à 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025), mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'État vers celles de la Sécu.
Si le gouvernement a reculé sur de nombreux points chauds, la version adoptée ne satisfait pas les syndicats médicaux, qui ont récemment annoncé maintenir la mobilisation nationale prévue en janvier.
Ils critiquent notamment le plafonnement de la durée des arrêts de travail, l’obligation d’alimentation du dossier médical partagé (DMP), le déremboursement des prescriptions des praticiens en secteur 3, ou encore la simplification du cumul emploi retraite, qui pourrait pénaliser, selon eux, les femmes médecins.