Bandelettes urinaires : pourquoi les complications s’accumulent… et les plaintes aussi

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L'association Diva (Dispositifs Implants Vaginaux), dont les membres se disent victimes de complications liées à ces implants utilisés contre l’incontinence urinaire, a été reçue mardi au ministère de la Santé où elle a demandé l’interdiction d’un certain type de bandelettes.

Bandelettes urinaires : pourquoi les complications s’accumulent… et les plaintes aussi

© Midjourney X What's up Doc

L’utilisation des bandelettes pour traiter les fuites urinaires liées à la toux, au rire ou à l’effort physique, placées sous l’urètre en passant à travers les muscles de l’aine, est régulièrement questionnée depuis 2016 en raison de risques de complications.

Diva demande « l’interdiction de poser les bandelettes TOT » et prône un « retour aux interventions antérieures » comme la chirurgie de Burch, qui ne nécessite aucun implant, ou l’utilisation de la gaine naturelle du muscle de la cuisse pour soutenir l’urètre, a indiqué à l’AFP Karine Prou, sa co-présidente.

Comme alternative aux implants vaginaux, l’association propose le pessaire, un dispositif amovible inséré dans le vagin pour soutenir les organes pelviens.

Les autorités doivent « prendre conscience » du problème : il faut « arrêter de poser ces implants aux femmes » et de « faire croire qu’il s’agit d’une opération bénigne », a dit Stéphanie Dupin, l’autre co-présidente de Diva, association anciennement connue sous le nom Collectif Implants Vaginaux, qui regroupe plus de 1 000 personnes.

Ces deux présidentes, elles-mêmes victimes de complications liées aux bandelettes, ont transmis leur message à plusieurs représentants de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et de la Direction générale de la Santé, lors d’une réunion de plus de deux heures au ministère, aux côtés du chirurgien urologue Benoît Peyronnet, spécialiste du retrait de ces bandelettes, et d’un membre de France Assos Santé, qui représente les patients.

Des dizaines de patients ont porté plainte pour tromperie aggravée et blessures involontaires

Il a également été question d’une « certification » des chirurgiens pour poser ces implants, a souligné Stéphanie Dupin à la sortie.

L’association appelle à « relancer la recherche médicale » sur le sujet et demande aussi un contrôle de l’application des arrêtés du 25 avril 2025 qui encadrent la pose des bandelettes sous-urétrales.

Les complications – dues notamment à une réaction de l’organisme ou une mauvaise pose – varient entre infections urinaires, lésions ou douleurs chroniques qui empêchent de marcher, s’asseoir ou avoir des relations sexuelles. Ces dispositifs contenant du polypropylène s’incorporent progressivement aux tissus, et leur retrait, difficile, peut être mutilant.

Depuis 2020, des dizaines de patientes ont déposé plainte à Paris, dénonçant des effets secondaires graves liés à la pose, entre 1999 et 2023, de bandelettes sous-urétrales et de prothèses de renfort pelvien de différentes marques, posées par voie vaginale ou abdominale.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/implants-vaginaux-mutilants-lenquete-finalement-classee-sans-suite-malgre-une-centaine-de

Fin décembre, le parquet de Paris a classé sans suite une enquête pour tromperie aggravée et blessures involontaires sur les conséquences de la pose de ces dispositifs médicaux.

Les quatre avocates défendant des victimes s’apprêtent à déposer prochainement « un recours hiérarchique auprès du parquet général pour contester l’avis de classement rendu », a indiqué l’une d’elles à l’AFP, Me Hélène Patte.

« 124 femmes veulent poursuivre la procédure », a-t-elle précisé, ajoutant que « parallèlement, des patientes font des procédures individuelles civiles devant la Commission de conciliation et d’indemnisation ».

Avec AFP

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