Prison ferme pour les deux sœurs qui se prenaient pour des médecins esthétiques et faisaient des injections illégales de botox

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Cheveux noirs sagement tirés en arrière et lèvres gonflées à l'acide hyaluronique, elles ont assuré avoir voulu "embellir" leurs clientes pendant leur procès.

Prison ferme pour les deux sœurs qui se prenaient pour des médecins esthétiques et faisaient des injections illégales de botox

© IStock 

Deux soeurs, très présentes sur les réseaux sociaux, ont été condamnées mercredi 13 septembre à Valenciennes (Nord) à de la prison ferme et du sursis pour des centaines d'injections illégales de botox et acide hyaluronique. L'aînée, une esthéticienne de 25 ans qui se présentait comme "Dr Lougayne" sur les réseaux sociaux, a été condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis pour "mise en danger d'autrui" ou encore "exercice illégal de la profession de médecin". Le tribunal correctionnel a demandé son maintien en détention, estimant qu'il n'y avait "pas assez de réflexion par rapport à la gravité des faits". Sa cadette de 22 ans, qui a reconnu l'avoir assistée, a quant à elle été condamnée à deux ans de prison avec sursis.

Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui avait comparé les injections à un "trafic de stupéfiant". L'avocat de la défense, Me Julien Bensoussan, soulignant que sa cliente avait reconnu les faits et compris leur gravité, a dénoncé une décision "scandaleuse", indiquant réfléchir "sérieusement" à un appel.

Un problème de santé publique et des victimes honteuses 

Le tribunal avait listé à l'audience les séquelles présentées par certaines des 30 parties civiles: abcès au menton nécessitant une opération d'urgence, éruption cutanée sévère, bouche partiellement paralysée, paupières tombantes, boules ou tâches sur les lèvres. Les deux soeurs reconnaissant les injections, mais pas les effets secondaires graves.

Soulignant un "problème de santé publique", l'avocate du Syndicat national de chirurgie plastique et reconstructrice et esthétique (SNCPRE), Laetitia Fayon, a souligné que dans la "chasse aux fake injectors, les victimes sont trop peu présentes", par "honte" ou par "peur". Les gendarmes, qui ont identifié et contacté eux-mêmes certaines victimes, décomptent au moins 600 clients entre janvier 2021 et juillet 2023.

"J'avais l'impression de ressembler à un lépreux", raconte à l'audience le seul homme parmi les plaignants, un quinquagénaire qui s'est fait injecter du botox. Selma, 24 ans, dit elle avoir contacté "Dr Lougayne" après qu'un candidat de téléréalité "a assisté à une session d'injections avec elle". "Maintenant j'ai des tâches brunes sur les lèvres, je suis complexée", regrette la jeune fille. "J'ai été bête, j'ai fait confiance."

Esthéticienne dans la vie, fausse médecin sur les réseaux

"Vous saviez que ce n'était pas légal ?" tance la présidente à la prévenue. "Oui", répond avec aplomb la principale mise en cause. "C'était une mode sur les réseaux sociaux et j'étais intéressée par embellir la femme, c'était ma passion", se justifie-t-elle. "Je ne mesurais pas la gravité de la chose". Diplômée d'un CAP esthétique en 2020, elle propose des injections dès 2021, et assure avoir suivi quatre formations, l'une en Belgique, et d'autres avec des formatrices russes ou ukrainiennes.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/deux-soeurs-arretees-pour-exercice-illegal-de-la-medecine-elles-injectaient-acide

A partir de 2022, elle se fait appeler "Dr Lougayne", et se présente comme "cosmétologue", arborant une blouse blanche à son nom, bien que de l'aveu même de son avocat "elle ressemble plus à Kim Kardashian qu'à un médecin". "Les clients savaient que je n'étais pas médecin", assure-t-elle. "Aucun médecin ne fait des injections à 200 euros."

Avec AFP

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