Grand débat : que veulent les (citoyens) français ?

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La santé fait partie des grandes thématiques qui ont émergé lors du "grand débat national". Les contributeurs ont fait part de leurs inquiétudes et fait des propositions inattendues, pour ne pas dire ahurissantes.

Grand débat : que veulent les (citoyens) français ?

"La thématique de la santé s'est invitée dans les questions que nous avions posées aux Français", a déclaré lundi Edouard Philippe lors de la restitution du grand débat national. Le Premier ministre a notamment cité "l'accès à un médecin traitant, l'organisation, l'accès au tissu hospitalier" comme autant de sujets "au cœur des préoccupations des Français et partout sur le territoire".
 
C’est en effet une petite surprise. En dehors des quatre thématiques imposées par Emmanuel Macron 1, quatre autres ont émergé dans le cadre des contributions libres individuelles et collectives : l'économie et l'emploi ; la santé, la solidarité, et l'intégration ; le pouvoir d'achat, l'éducation et la formation. Pendant ce temps-là, la consultation lancée par Action praticiens hôpital (APH) et Jeunes médecins rendait ses premiers résultats pour faire entendre la voie des médecins.
 
Mais la santé est également remontée comme sujet d'inquiétude et de propositions chez les contributeurs du Grand débat. Ceux-ci ont cité deux domaines dans lesquels la protection sociale doit être renforcée : "la santé au sens large", qui inclue "l'hôpital et l'accès aux soins pour tous", mais aussi "l'aide aux personnes âgées".
 
Preuve que la santé est au premier rang des préoccupations des Français, puisqu'ils sont "prêts à payer plus d'impôt" pour son développement. 
 
Concernant l'organisation de l'État et des services publics, le besoin de proximité a été très largement évoqué dans les conférences citoyennes régionales. Quant aux participants en ligne, ils pensent qu’il est "nécessaire de renforcer la présence dans les territoires" pour certains "types de services publics, le premier étant l'accès à la santé".

La santé en tête des services publics à renforcer

 
En effet, pour le quart des Français qui ont estimé ne pas bénéficier d'un accès suffisant aux services publics, la santé est citée à 30,4 % comme le principal problème, devant d’autres problématiques de services publics : horaires d'ouverture des guichets administratifs, manque de transports ou d'Internet, de services de l'État…
 
Font partie des services publics de santé à renforcer : les hôpitaux (12 %), les médecins en nombre suffisant (9,7 %), l'accès aux soins en général (2,1 %), l'installation de maisons de santé (0,9 %) ou le nombre de spécialistes (0,5 %).
 
En outre, la santé arrive également au premier rang des services publics dont les Français souhaitent le plus qu'ils évoluent, selon les contributions sur Internet. Quand on demande aux Français les domaines prioritaires pour lesquels notre protection sociale doit être renforcée, le thème de la santé figure en première place à 27,8 %, suivi de l'aide aux personnes âgées (16,9 %).

Enfin, les conférences citoyennes régionales ont également permis de faire émerger six propositions visant à « renforcer la présence d’un service de santé sur le territoire ». Pour améliorer l’accès aux soins dans les zones sous-densifiées, la contrainte est envisagée (en échange de contreparties) pour assurer une présence de médecins sur le terrain. Celle-ci est vue, les médecins apprécieront, « comme une contrepartie au coût de financement des études assuré par les contribuables ».
 

Obliger les jeunes médecins à s'installer

Plus on rentre dans le détail de cette proposition, plus c’est croustillant : « À partir d’un maillage territorial élaboré en fonction de la diversité de la population, la présence de médecins sera rendue obligatoire pour une période fixe afin que chacun puisse accéder à une consultation en moins de 15/20 minutes. En contrepartie, les médecins auront une garantie de revenu. » Ces gens ont du génie.

Autre proposition : prendre des mesures coercitives pour lutter contre les déserts médicaux. La mesure consiste à « assurer la présence de médecins à des postes fixes pérennes pour répondre à la géographie des besoins médicaux ». Ensuite, « il faut imposer des regroupements de médecins, obliger les jeunes médecins (dont la formation a été financée par les ressources publiques) à s’installer pendant un temps donné dans un territoire classé comme prioritaire (rural, quartier défavorisé, etc.) », précise la synthèse des conférences citoyennes régionales.
 
Quant au numerus clausus, il devra « anticiper les besoins à venir et assurer une meilleure répartition des rémunérations des médecins entre les différentes spécialités afin que les jeunes ne choisissent pas en priorité les spécialités les plus rémunératrices ».
 
Autre recommandation : le « service médical obligatoire » pour que « la répartition des médecins se fasse de façon homogène sur l’ensemble du territoire, en fonction des besoins et de la patientèle estimée ». Cette répartition sera « obligatoire pendant cinq ans au minimum pour les jeunes médecins. Cette contrainte peut être compensée par des avantages type logement de fonction », détaille la synthèse.
 
Enfin, c’est bien beau tout ça, ça fait travailler les neurones de faire des brainstormings, sauf que… Agnès Buzyn s'était montrée sceptique fin mars, sur le fait que le grand débat apporte des propositions innovantes sur la santé. "Les questions de santé sont revenues en permanence dans tous les grands débats", confiait la ministre de la Santé pour qui ces contributions n'apportaient que "très peu de solutions". À la lecture de certaines propositions, on se dit qu’elle n’a pas totalement tort.
 
1 : Nos impôts, nos dépenses et l'action publique ; l’organisation de l'État et des collectivités publiques ; la transition écologique ; la démocratie et la citoyenneté.
 

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Avec APMnews

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