La dynamique familiale. Un filon inépuisable pour le cinéma. S'il dit s'être inspiré des comédies italiennes pour installer l'ambiance de sa famille de cinéma, c'est plutôt une relative sobriété qui domine sa chronique presque intégralement autobiographique. Cette famille a ses dysfonctionnements, qu'elle expose au grand jour lors de scènes de repas jamais loin du règlement de compte, mais reste soudée. Dès lors, le comportement frontal de Moussa, le plus mesuré de tous, vient rebattre les cartes, confronter chacun à ses paradoxes, au rôle que le pseudo-équilibre du clan lui assigne.
Au sortir du film, on a le sentiment que Zem s'est empêché d'aller trop loin dans la description de la conflictualité, sans cesse retenu par la gentillesse et l'affection qu'il porte aux siens, par pudeur probablement aussi. Si Maïwenn est présente au générique et au scénario, elle a pris soin de ne pas éclipser la patte optimiste et plutôt constructive qu'a voulu imprimer le réalisateur.
Après une grande première moitié habilement conduite, aussi bien écrite que rythmée, le film semble ne pas savoir comment bifurquer vers son coeur, la relation entre ces deux frères que tout oppose, et semble opter pour une ligne de fuite, bradant sa fin et dépassant finalement rarement l'anecdotique. Reste la composition impeccable de Sami Bouajila, qui porte littéralement le film et qui, par le polymorphisme d'un jeu dont la seule constante est une déroutante légèreté, nous a permis de passer un fort agréable moment.