Pour Macron on « emmerde » les non-vaccinés mais on les soigne

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L'examen du projet de loi sur le pass vaccinal a été de nouveau suspendu en pleine nuit mercredi en raison de la tempête provoquée à l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron qui a affirmé vouloir « emmerder » les non-vaccinés.

Pour Macron on « emmerde » les non-vaccinés mais on les soigne

Cette crise, avec l'envolée des contaminations dues au variant Omicron -- 271.000 mardi, avec un total de 3.665 personnes en soins critiques --, sera à nouveau à l'ordre du jour d'un conseil de défense et d'un conseil des ministres mercredi.

« Les conditions d'un travail serein ne sont pas réunies », a déclaré peu avant 2h le président de séance, Marc Le Fur (LR), en annonçant que les débats de cette première lecture reprendraient mercredi à 15h.

La stratégie présidentielle : « emmerder les non-vaccinés »

« Propos indignes », « insultants », les élus d'opposition se sont déchaînés contre les déclarations de M. Macron, multipliant les suspensions de séance et demandes de rappel au règlement, avant d'exiger, en vain, la venue du Premier ministre Jean Castex, dans une ambiance survoltée.

« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie », a clamé le chef de l'Etat dans un entretien au Parisien. « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen », a-t-il ajouté. Pour autant, pas question de ne pas soigner ces patients : « Vous ne pouvez pas placer les soignants face à cela. Parce qu'un soignant, il regarde quelqu'un qui est malade et il ne regarde pas d'où il vient, ce qu'il est », affirmant que le tri des patients est « une ligne rouge » pour lui. 

Le patron des députés LR, Damien Abad, a fustigé des propos « indignes, irresponsables et prémédités » qui relèvent d'un « cynisme puéril », tandis que le président des Républicains Christian Jacob s'est « refusé à cautionner un texte qui vise à emmerder les Français ».

A l'autre bout de l'hémicycle, Ugo bernalicis (LFI) a dénoncé une « crise politique déclenchée par le monarque présidentiel, qui se permet d'insulter une partie des Français ». Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a estimé que le projet de pass vaccinal instaurait désormais une forme de « déchéance de nationalité », comme le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel.

Le projet de loi sur le pass sanitaire « est-il un texte pour plus emmerder?, ou moins emmerder? » les Français, s'est-il interrogé.

Plusieurs élus d'opposition ont réclamé en vain la venue immédiate du Premier ministre Jean Castex dans l'hémicycle pour expliquer la ligne de l'exécutif après le propos de M. Macron.

Au banc du gouvernement, le ministre de la Santé Olivier Véran a tenté d'expliquer la parole présidentielle, dans un langage plus policé. « Le mal qui ronge notre pays, c'est une vaccination qui bien qu'importante, reste insuffisante », avec des « millions » de non-vaccinés, a-t-il expliqué.

La question du pass vaccinal pour les mineurs débattue 

Les propos de M. Macron ont ruiné une amorce d'apaisement au Palais Bourbon, déjà agité la nuit précédente par un vote surprise suspendant temporairement les travaux sur ce texte, au grand dam de la majorité.

Mardi en début de soirée les députés étaient parvenus à s'accorder sur l'épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs, reporté de 12 à 16 ans pour les sorties scolaires et activités péri et extrascolaires, mais pas pour les activités privées comme aller au restaurant.

Un compromis voté à la quasi-unanimité (386 voix contre 2), sur la base d'un amendement de la socialiste Cécile Untermaier, sous-amendé par le gouvernement.

« C'est une bonne chose pour tous les enfants et adolescents », s'était félicité Damien Abad pour LR.

Mme Untermaier s'était réjouie de voir les députés « atterrir ensemble » sur cette question clivante de l'âge du pass vaccinal pour les jeunes.

« Nous arrivons à construire un consensus de compromis », avait renchéri Guillaume Gouffier-Cha (LREM).

Le vote la veille refusant la poursuite toute la nuit de l'examen du texte avait déjà provoqué des remous.

Les oppositions avaient raillé l'incapacité de la majorité d'être présente en nombre suffisant dans l'hémicycle pour éviter ce « camouflet », et dénoncé une absence de volonté de dialogue du gouvernement.

Le gouvernement avait de son côté accusé l'opposition, en particulier les députés LR, de chercher à faire un « coup » politique sans considération pour la gravité de la crise sanitaire.

Quelque 450 amendements restent au menu de cette première lecture au Palais Bourbon.

L'exécutif vise une adoption définitive en fin de semaine ou début de semaine prochaine du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal, avant une entrée en vigueur au 15 janvier.

Avec AFP

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