L’empowerment des patients, un bon plan pour les médecins ? 

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L'empowerment du patient, une prise de pouvoir des assos ? Non, répond la communicante en santé Marie-Georges Fayn. C'est au contraire une aide préciseuse des patients pour les médecins, en vue d'une meilleure prise en charge. 

L’empowerment des patients, un bon plan pour les médecins ? 

Qu’est-ce donc que ce nouveau barbarisme, l’empowerment, que l’on entend dans tous les services hospitaliers (ou presque) ? Pour y répondre, Marie-Georges Fayn, communicante en santé*, a soutenu une thèse de doctorat en sciences de gestion, présenté fin novembre dernier, intitulé "Empowerment des patients : de l’empowerment individuel à l’empowerment collectif" Selon le communiqué de presse de Marie-Georges Fayn, son travail précise la nature « mutiple de l’empowerment collectif, modélisée selon un processus dynamique en quatre phases ». La première phase de ce méccano qu’est l’empowerment (traduisez par autonomisation, NDLR) est la « phase communautaire », soit le moment où les patients se reconnaissent une identité commune, au travers « d’un récit collectif ». La deuxième phase a trait à la dimension collaborative : il s’agit là d’une première étape dans l’entraide entre patients, via « la co-conception pragmatique de biens et de ressources ». Troisième phase : la forme productive, soit la recherche de solutions. Cette troisième phase implique des investissements et de la logistique. Enfin, en 4e lieu, on passe à la phase socio-politique, quand les revendications collectives des patients émergent dans le débat de société. 

Quel intérêt pour les médecins ? 

Et quel est l’intérêt des médecins dans l’empowerment des patients ? « Un patient qui comprend ce qui se passe dans son corps et les soins qu’il va recevoir, rend le traitement et le travail des médecins plus efficaces et se porte mieux. »
Sous la forme de forums de patients, l’empowerment du patient est le chainon manquant, selon Marie-Georges Fayn, entre le médecin généraliste et le spécialiste. En prenant l’exemple du forum « Vivre sans thyroïdes », Marie-Georges Fayn constate que les médecins qui ont eu à le visiter y ont découvert des informations précieuses. À tel point que des médecins ont tendance à « prescrire » à leurs patients la fréquentation de ce forum. D’autant plus que l’intérêt des médecins et des patients diffèrent parfois, notamment en matière de recherche médicale et pharmaceutique. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les médecins, autant spécialistes que généralistes, ne sont pas toujours up to date en matière d’innovation : « Les patients engagés, le scientifique et le journaliste déplorent la méconnaissance des spécialistes et des généralistes. Pour suivre les avancées, les médecins ont l’obligation déontologique et légale de s’inscrire dans une démarche de formation continue. Or, ils ont du mal à suivre la course du progrès et à l’expliquer à leurs patients « y'a plein de médecins qui ne maîtrisent pas bien les innovations (…) Y'a un déficit de formation (des médecins et des pharmaciens) » ». 

Ainsi, les forums de patients peuvent être d'une grande aide pour les soignants, les médecins en particulier : « Véritable service avant et après-vente des consultations, des interventions chirurgicales ou des examens, ils contribuent à la diffusion et à la personnalisation des connaissances médicales ». L’auteur de cette thèse volumineuse plaide donc pour l’enseignement de l’empowerment du patient aux professionnels de santé, l’apprentissage de l’écoute des réseaux sociaux, la prise en compte des nouveaux influenceurs que sont les modérateurs des forums, des groupes et blogs de santé. 

*Marie-Georges Fayn a fondé les sites https://www.reseau-chu.org et https://www.reseau-hopital-ght.fr. 

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