François Braun face aux sénateurs justifie sa “mission flash” sur l’hôpital : «Déjà, il faut arrêter l’hémorragie, pour passer l’été»

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Il est exposé François Braun. Responsable de la “mission flash“ sur l'hôpital et la continuité des soins par le gouvernement. Hier le président du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) et chef des urgences du CHR Metz-Thionville a été invité par les sénateurs à justifier de l'utilité de cette énième mission. 

François Braun face aux sénateurs justifie sa “mission flash” sur l’hôpital : «Déjà, il faut arrêter l’hémorragie, pour passer l’été»

Le 31 mai il a été chargé par l’exécutif de piloter la « mission flash », d’une durée d’un mois, sur l’accès aux soins urgents et non programmés. Le collectif missionné par Emmanuel Macron est chargé d’«identifier de premières solutions opérationnelles avant l’été ».

« L’annonce de cette mission nous a surpris, à la fois par son sujet […] mais aussi par son délai d’un mois », fait remarquer d’entrée de jeu la sénatrice Catherine Deroche (LR), présidente de la commission des affaires sociales.

Entre les murs du Sénat un scepticisme s’est exprimé : « Ce n’est vraiment plus le temps des inventaires », s’agace Bernard Jomier (groupe socialiste, écologiste et républicain). Laurence Cohen (communiste) y est allée de manière plus franche : « Je suis assez étonnée qu’il y ait une énième mission-flash. Elle est parfaitement inutile. »

Comme d’autres collègues, René-Paul Savary (LR)  a sourcillé devant le calendrier de la mission. « Si c’est une mission très courte, cher confrère, c’est pour enjamber — on peut le penser — les élections législatives. Parce que, face à cette crise, puisque votre responsabilité c’est de notamment passer l’été, il va falloir prendre des décisions impopulaires […] Ce n’est pas la peine d’attendre le 1er juillet pour prévenir les personnes concernées. »

« L’objectif, c’est de maintenant rédiger l’ordonnance et de s’assurer que les médicaments sont bien donnés »

François Braun reconnaît que « le problème n’est pas nouveau. Le traitement est dans sa grande globalité connu, puisque toutes les solutions ont été mises sur la table ».  Les traitements connus, il faut « maintenant rédiger l’ordonnance ».

Devant le Sénat, le médecin multiplie les métaphores médicales pour défendre la plus-value de sa mission. « L’objectif, c’est de maintenant rédiger l’ordonnance et de s’assurer que les médicaments sont bien donnés ».

Son groupe de travail a déjà listé 150 pistes, élaborées aussi bien par les professionnels, les syndicats ou les parlementaires. Il ne reste plus qu’à les « prioriser » et voir lesquelles semblent « réalistes » pour une mise en œuvre à court terme.

« Dès qu’une idée fait consensus, elle est tout de suite transmise au ministère de la Santé, pour regarder si d’un point de vue réglementaire c’est possible, pour que ce soit réellement applicable au 1er juillet », explique François Braun. Ne croyant pas à une « solution unique », le médecin insiste aussi sur la dimension territoriale des mesures.

 « Il faut arrêter l’hémorragie, pour passer l’été », du mieux possible », résume François Braun. « On ne fera pas revenir forcément des soignants dans les deux-trois mois qui viennent. Si on part sur cette idée, on se trompe. Il faut surtout qu’on évite que des soignants continuent à quitter l’hôpital », insiste-t-il.

Autre urgence : redonner « du sens » au métier des soignants et les recentrer sur le soin

François Braun propose dans un premier temps de réguler l’accès aux urgences, le médecin estime qu’il faudra davantage de recrutements d’assistants de régulation médicale. Or, une certification sera bientôt exigée et pourrait empêcher des renforts dans les équipes. « Si on ne repousse pas cette date, on ne pourra pas recruter. C’est un peu le travail de cette mission », prend-il en exemple.

Autre urgence : redonner « du sens » au métier des soignants et les recentrer sur le soin. « 50 % du temps d’un soignant à l’hôpital, c’est du temps administratif, 25 % pour un généraliste. On peut peut-être arrêter toutes les tâches administratives totalement inutiles durant l’été », imagine le médecin. Il évoque également le besoin d’une meilleure coopération entre la médecine de ville et l’hôpital, mais aussi entre le public et le privé.

Revalorisation des actes de médecine générale pour les prises en charge au titre de la régulation du Samu, travail sur la qualité de vie, beaucoup de chapitres sont évoqués. François Braun souscrit également à l’une des revendications de l’intersyndicale. « Il est évident que la reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit est largement insuffisante. »

Interrogé à plusieurs reprises sur le volet budgétaire le médecin botte en touche. « Ce n’est pas mon cadre », prévient-il. « La décision ne sera pas prise par moi. » Dans un contexte de pénurie en ressources humaines, la sénatrice Laurence Cohen s’interroge sur la possibilité d’une réintégration des soignants suspendus depuis plusieurs mois, pour ne pas avoir respecté l’obligation vaccinale contre le covid-19. « Le sujet n’est pas sur la table au sein de cette mission […] Je n’aurai pas d’avis particulier à donner là-dessus », répond le médecin.

François Braun admet lui aussi que les réflexions devront se poursuivre au-delà de l’été

Les sénateurs sont sceptiques. Le Sénateurs Bernard Jomier appelle à préparer un « plan d’ampleur » . « J’ai le sentiment qu’on traite le sujet par le petit bout de la lorgnette », s’inquiète également Philippe Mouiller.

Le traitement « palliatif » pour l’été, pour reprendre le terme d’Élisabeth Doineau (Union centriste), la rapporteure générale du budget de la Sécurité Sociale, n’empêchera pas « une action de fond », appelle Catherine Deroche. La présidente de commission estime qu’un y a un « vrai signal politique à donner ».

Ce sera la tâche de la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. François Braun admet lui aussi que les réflexions devront se poursuivre au-delà de l’été.

 

 

 

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