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Au Liberia puis en Sierra Leone, l'histoire d'amour impossible et les élans contrariés de deux médecins humanitaires, filmée de façon terriblement maladroite par un Sean Penn à la peine... Pas indécent, mais raté.
Ce film restera donc comme l'échec monumental de Sean Penn, vilipendé et enterré par une horde de critiques pour une fois quasi-unanimes. Critiques qui, au passage, connaissent probablement pour la plupart à peine un centième des problématiques de l'humanitaire auxquelles Penn, par son engagement, a été confronté de près. Mais passons...
Aller voir ce film d'une durée qui dépasse les deux heures, auréolé d'une réputation si négative, est effectivement une épreuve. Car oui, le film est raté. Scénario indigent, dialogues catastrophiques, mise en scène alternant entre histoire d'amour navrante filmée comme une longue pub pour un parfum et scènes sur le terrain souvent confuses et brouillonnes, The Last Face n'a pas grand chose pour lui d'un point de vue cinématographique.
Adoptant une posture morale, la critique a décelé dans ce mélo des accents suprématistes. Nonobstant le fait que la vision de Sean Penn est bien plus nuancée, nous nous abstiendrons de la juger idéologiquement tant les enjeux sont complexes. Nous nous contenterons de constater, et c'est ce qui rend le cas de ce film intéressant, à quel point l'amour immense du cinéaste pour les peuples qu'il filme, ainsi que sa révolte face à ce qu'ils endurent, se confrontent à son impossibilité à les retranscrire par le langage cinématographique.
Cette panne filmique, déjà constatée dans les quelques œuvres de fiction consacrées au sujet, se fait ainsi l'écho, très atténué, du sentiment de frustration et des moments de découragement auxquels sont régulièrement confrontés les humanitaires. Ce n'est probablement pas une raison suffisante pour aller voir le film, mais c'est ce qui le sauve d'un jugement sans appel.
Source:
Guillaume de la Chapelle