Plan "Investir pour l’hôpital" : accélérer pour faire taire les critiques ?

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Annoncé en novembre dernier par le gouvernement, le plan « Investir pour l’hôpital » va faire l’objet d’une mise en œuvre accélérée. Enfin, pas non plus de quoi sauter de joie au plafond, considèrent certains médecins.

Plan "Investir pour l’hôpital" : accélérer pour faire taire les critiques ?

Destiné à « améliorer le quotidien des équipes hospitalières et pour mieux les accompagner dans les transformations », le plan « Investir pour l’hôpital »dont nous vous détaillions à l’époque les mesures en novembre dernier, avait réussi l’exploit de faire l’unanimité contre lui, comme nous vous l’expliquions. Mais ce n’est pas pour autant que la ministre de la Santé a changé son fusil d’épaule. Bien au contraire.
 
En effet,elle vient d’annoncer dans un communiqué la mise en œuvre accélérée des mesures du plan autour de trois axes : restaurer l’attractivité des métiers et (re)donner envie aux soignants d’exercer à l’hôpital ; rétablir le dialogue et la souplesse de la gestion dans le quotidien de l’hôpital ; réinvestir l’hôpital public en lui donnant des moyens nouveaux et de la visibilité dans le temps.

Agnès Buzyn s’engage également à mettre en œuvre en 2020 l’intégralité des mesures « Investir pour l’hôpital ». Les dispositifs accompagnant les débuts de carrière des soignants et les métiers en tension (contrat d’engagement dans la carrière hospitalière, prime d’engagement dans la carrière hospitalière, prime d’exercice territorial) et encadrant l’intérim médical seront « renforcés et mis en œuvre au plus tard à la fin du deuxième trimestre ».

Reprise de la dette

Quant à la reprise de la dette, elle sera initiée au 2nd semestre, ce qui aura, selon le gouvernement, « une traduction immédiate sur la situation financière des hôpitaux, en allégeant leur endettement à la hauteur du montant de la dette reprise chaque année d’ici à 2022 ». Cela permettra ainsi « de réduire les charges financières et les intérêts supportés par les hôpitaux et de redonner des marges pour le financement des investissements (par la reprise du capital remboursé annuellement) ».

La reprise de la dette a été chiffrée à 10 milliards d’euros sur trois ans par le gouvernement qui pense que « ces marges atteindront globalement un montant évalué aujourd’hui entre 800 millions et 1 milliard d’euros par an ». Une annonce qui a fait réagir sur Twitter le médecin Sabrina Ali Benali : « Nous reprenons », t’as presque l’impression que c’est eux qui vont la racheter perso la dette alors qu’ils le transfèrent sur nos impôts. Arrêtez vos effets d’annonce bidons, ça ne changera rien au quotidien de l’hôpital, vous le savez très bien ».

Par ailleurs, l’accord portant sur l’évolution pluriannuelle des ressources « sécurisera la hausse continue des tarifs hospitaliers jusqu’en 2022 ».

Enfin, la ministre a annoncé que tous les engagements déployés dans ce plan feront l’objet d’un suivi renforcé et d’une évaluation. Elle souhaite que chaque hôpital élabore son plan d'action 2020 pour agir rapidement. En outre, dans le cadre du pacte de refondation des urgences qui a attisé la colère des syndicats représentatifs des médecins libéraux, elle demande à tous les établissements disposant d’un service d’urgence de mener à bien les missions suivantes dès cette année :

- prémunir tous les autres patients, en particulier les plus fragiles, de passer la nuit sur un brancard, grâce à plus de lits d’aval disponibles ou à des urgences réagencées ;
- travailler, quand leurs urgences dépassent 50 000 passages annuels, systématiquement avec une Maison Médicale de Garde (MMG) installée à proximité ;
- mener un diagnostic de vétusté des équipements ; 
- pouvoir accueillir directement dans un lit d’hospitalisation les personnes âgées adressées par leur médecin traitant, sans passage inutile par les urgences.
 
Grâce à la mise en œuvre rapide de l’ensemble de ces mesures, les personnels soignants devraient donc voire bientôt « des concrétisations dans leur quotidien de travail », considère Agnès Buzyn.
 
Du concret confirmé (ironiquement) sur Twitter par l’urgentiste Yves Duffait qui a quitté en décembre l’hôpital de Lons-le-Saunier. « En décembre à Lons le Saunier, 8 journées sans SMUR2 faute de médecins. En janvier 2020, 20 journées sans SMUR2. C’est carrément mieux ! Merci ! En mars, combien ? »

 

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