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"Faire une virée à deux, toutes les deux sur les chemins..." Le voyage en Italie de deux fugueuses d'HP. L'une est une flamboyante bipolaire aux tendances érotomanes et moins mytho qu'elle n'y paraît, l'autre une énigmatique écorchée vive dont on devine qu'elle a commis une grave tentative de suicide...
Il ne faut pas se fier à l'apparence classique de ce road-movie façon "Thelma et Louise au dessus d'un nid de coucous". Car si on sait se laisser guider par la boussole du cœur, il pourrait nous conduire vers des contrées émotionnelles inconnues.
Pénétrer ce film, c'est tout d'abord se laisser emporter par la maestria de Valeria Bruni-Tedeschi, qui déroule sa partition toute en folie éruptive avec une constante et impériale élégance. Elle n'a jamais été aussi peu agaçante, peut-être parce que, pour une fois, elle a su laisser infuser sa vérité intérieure tout en servant uniquement son personnage et l'histoire.
C'est aussi plonger au cœur d'une Italie gorgée de soleil, dont l'immanence englobe la magnificence des villas Renaissance (sympa l'hôpital psychiatrique !) et le clinquant ringard, façon clip des eighties, des stations balnéaires. Grandes fortunes et petites frappes croisent le chemin de ces deux rebelles qui aimeraient trouver leur équilibre dans cette société toute en dissonnances. Le cinéaste livre ainsi sa vision de la maladie mentale dont une grande part est liée, en tout cas amplifiée, par l'incapacité ou le refus de la société de s'adapter à elle.
C'est surtout découvrir une actrice - Micaela Ramazzotti - dont le jeu au départ en demi-teinte se révèle au fur et à mesure que son personnage livre ses secrets. Au-delà de son histoire, finalement assez cousue de fil blanc, c'est sa progression et son dénouement - dont le côté conte de fées est audacieusement assumé - qui ont fini de nous conquérir. Fous de joie, peut-être pas ; d'amour, certainement.
Source:
Guillaume de la Chapelle