Article
Yoon est un super flic en guerre contre deux horribles parrains de la pègre sud-coréenne. Il voudrait raccrocher pour pouvoir enfin réaliser le rêve qui l'obsède depuis l'enfance : devenir une femme. Mais on ne laisse pas son identité sociale derrière soi aussi facilement...
Contrairement à son héros/héroïne transgenre, Man on High Heels est un film qui s'assume ! Se jouant avec une délectation non feinte et un talent certain des films de cartel asiatique, il ajoute un ingrédient inédit pour en faire un cocktail détonnant. Cet élément scénaristique étant parfaitement intégré dans le reste du scénario, sa part potentiellement transgressive n'a de fait pas lieu d'être.
Le fait que Yoon veuille devenir une femme va de soi, vecteur narratif d'un nouveau genre (si l'on peut dire) qui permet au film d'être par moments mélodramatique – tendance guimauve –, parfois comique, mais surtout palpitant. La quête de vengeance de Yoon est en effet constamment contrariée par son désir profond, et l'on ne sait jamais comment pourra se résoudre ce dilemme cornélien.
Un personnage fascinant
Logiquement, la transgression se retrouve ailleurs : d'abord dans l'érotisation de la mise en scène, notamment lors des scènes de violence. Mais surtout dans le rapport de Yoon, superbement incarné par le charismatique Cha Seung-won, à ses acolytes. Le policier fait l'objet d'un désir toujours contrarié, sorti tout droit d'un fantasme de Bowie : sa virilité et sa finesse annulent les contraires et font perdre la tête – et souvent la vie – à ceux qui le croisent. Au point qu'on ne sait plus si son aspiration profonde relève de la pulsion de vie ou de la pulsion de mort.
N'allez cependant pas croire que ce film va vous donner envie de vous ruer chez votre analyste. Man on High Heels reste un pur divertissement, et son aspect psy est comparable au désir de Yoon : à la fois simple et bien caché.
Source:
Guillaume de la Chapelle