Mais il est où Véran, depuis qu’il nous a laissé tomber ?

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C’est vrai, ça, il fait quoi Olivier Véran depuis qu’il a lâché (à contre cœur), le ministère de la Santé. Un autre défi, très politique, car "Ça va être très sport" à l'Assemblée nationale, glisse un autre ministre. Olivier Véran, ministre des Relations avec le Parlement (MRP), est bien parti pour faire sortir de l'ombre cette fonction essentielle.

Mais il est où Véran, depuis qu’il nous a laissé tomber ?

"Au Ministère des Relations avec le Parlement, il faut une personnalité politique forte qui aime la joute oratoire" des qualités attribuables selon ce membre du gouvernement à Olivier Véran, qui se voyait plus en haut de l'affiche gouvernementale, lors de sa nomination avant les législatives, mais va se retrouver au final très exposé, vu le résultat du scrutin.

Ex-ministre de la Santé, on s’en souvient, parfois sanguin dans l'hémicycle, enchaînant les passes d'armes avec l'opposition pendant la crise du Covid, il sera sur deux fronts, en "go-between" vis-à-vis des oppositions et à la manœuvre pour consolider la majorité macroniste.

Olivier Véran, issu des rangs socialistes, compte parmi les plus anciens parlementaires du parti présidentiel

Issu des rangs socialistes, il compte parmi les plus anciens parlementaires du parti présidentiel, une expérience précieuse pour naviguer malgré les vents contraires d'un camp réduit à quelque 250 députés.

Le ministre des Relations avec le Parlement, "c'est l'horloger de la majorité, il veille à ce que les trains arrivent à l'heure et que les textes soient votés", explique Jean-Jack Queyranne, ancien tenant du titre sous Lionel Jospin, entre 2000 et 2002, en période de cohabitation.

Officiellement chargé de "faciliter les relations entre les pouvoirs exécutif et législatif", le poste n'est vraiment institutionnalisé qu'avec la Ve République, qui coupe le cordon entre Parlement et gouvernement.

"Le premier gouvernement de la Ve n'a pas de MRP. La fonction arrive fin 1961", contextualise Bastien François, professeur de sciences politiques à l'université Paris 1. La majorité gaulliste "élue sur une ambiguïté" vis-à-vis du statut de l'Algérie commence alors à tanguer.

Finalement favorable à l'autodétermination, de Gaulle perd 150 députés entre 1958 et 1962. Une hémorragie qui pousse Michel Debré à charger en août 1961 Louis Terrenoire, gaulliste social et député de l'Orne pendant près de vingt ans, "des rapports entre le gouvernement et le Parlement".

Olivier Véran va devoir faire preuve de rondeur en coulisses, comme en séance

"Programmateur", "aiguilleur"... Dans la pratique, le ministre ou le secrétaire d'État contribue à la définition de l'ordre du jour, c'est-à-dire l'agenda des textes de loi, en lien avec les présidents des groupes parlementaires.

Désormais, "le MRP va être obligé d'adapter l'ordre du jour en permanence", pronostique un ancien membre du cabinet : avec des oppositions tatillonnes et prêtes à l'obstruction, l'examen des textes pourrait traîner en longueur.

"Le système est fait pour gouverner de façon majoritaire", explique cet observateur. "Chacun va devoir apprendre à fonctionner différemment".

Le ministre devra faire preuve de rondeur, en coulisses comme en séance, où il faut "arriver dans l'hémicycle en cas de coup de Trafalgar" lors d'un vote, selon les mots de Jean-Jack Queyranne. Comprendre, tenter d'éteindre l'incendie si la majorité est prise en défaut sur un texte.

"Il y a aussi la partie plus invisible, souligne aussi Bastien François. Il faut se balader dans les couloirs, sentir ce qui se passe chez les parlementaires."

Olivier Véran a souligné les 500 heures passées sur les banquettes rouges de l’hémicycle

Expert en la matière, le conseiller parlementaire de Michel Rocard, Guy Carcassonne : en 1988, le Premier ministre n'a qu'une majorité relative, à 14 sièges près. Même s'il n'était pas officiellement ministre, Carcassonne œuvre en coulisses pour faire passer les textes.

"Il demandait aux députés d'opposition de rester à la buvette pour obtenir des abstentions", s'amuse Bastien François. "C'est lui qui a sauvé le gouvernement Rocard".

Mais la situation de cette XVIe législature est bien différente de celle de 1988 : la majorité est divisée en trois composantes, Renaissance (ex-LREM), Horizons et MoDem. Et le nombre de voix manquant pour atteindre la majorité absolue s'élève à une grosse trentaine.

"Il n'y a pas d'alternative simple, un peu plus à gauche ou un peu plus à droite. Le jeu est plus ouvert mais aussi plus difficile", estime Bastien François. "Le MRP doit être malin avec le règlement" de l'Assemblée et fin négociateur.

Olivier Véran a souligné lors de sa prise de fonction les "500 heures" passées à user les banquettes rouges de l'hémicycle sur la série de textes sanitaires. Une performance qu'il pourrait bien battre.

Avec AFP

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