L’essor de la téléconsultation lié à la crise sanitaire s’est accompagné d’une nécessité : mieux encadrer les pratiques pour standardiser ce mode d’exercice peu familier à nombreux praticiens. C’est pourquoi la plateforme de téléconsultation Livi a développé des protocoles spécifiques aux soins à distance. Un corpus d’une centaine de recommandations, perpétuellement enrichi, permettant aux médecins d’adopter les bonnes pratiques et de renforcer la qualité et la sécurité de leur exercice digital.
L’un des enjeux de ces recommandations est de guider les médecins dans la bonne articulation entre soin digital et soin physique. En d’autres termes, de savoir quand, précisément, il est nécessaire de réorienter vers des structures physiques, et ce qu’il est possible de faire en téléconsultation. Ce qui n’a rien d’évident, car cela exige des médecins d’adopter de nouveaux réflexes.
« Dire aux patients ce qu’on peut faire »
« J’utilise tout le temps ces recommandations », explique le Dr Lindsay Detavernier, urgentiste de formation qui pratique la téléconsultation sur Livi. « J’ai fait de la régulation, j’ai fait du 15, je suis plutôt habituée à rediriger. Pour autant, la téléconsultation est un exercice très particulier. Par exemple, je les ai récemment consultées pour un cas d’angine. En l’absence de test, on ne peut pas prendre en charge à distance, il faut rediriger vers du présentiel. »
Autre exemple : l’otite. Un simple mal d’oreille ne permet pas d’établir à distance un diagnostic ni de prescrire une antibiothérapie. Il faut un examen clinique, notamment pour écarter un risque de perforation du tympan. « Ces recommandations nous permettent de dire aux patients ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas faire ; parfois ça les frustre, mais nous, ça nous permet de nous reposer sur des éléments tangibles ».
Elles permettent aussi de sécuriser les médecins là où ils se sentent moins à l’aise pour prescrire à distance. « Par exemple, je ne souhaitais pas forcément initier ou renouveler la pilule contraceptive en soin digital, car je ne l’avais jamais fait avant. Or, là, on dispose d’outils pour nous aider : un arbre décisionnel avec des recommandations très fiables et bien faites. Du coup, je la prescris l’esprit tranquille ».
Protéger les médecins et les patients
Les médecins adhérents à Livi disposent aussi d’un outil de travail collaboratif, leur permettant d’échanger entre confrères/consoeurs ou avec le support médical, pour poser toutes leurs questions, faire part de leurs doutes, et s’assurer que le soin à distance reste pertinent dans certaines situations.
« Par exemple, j’avais une patiente avec infection urinaire et fièvre », raconte le Dr Sonya Amokrane, généraliste adhérente à Livi. « Pour moi, c’était une pyélonéphrite et je m’apprêtais à démarrer une antibiothérapie avec prescription de test ECBU – tel que je l’aurais quand je travaillais en cabinet. J’ai posé la question au support médical qui m’a expliqué que non, c’était impossible en téléconsultation d’un point de vue médico-légal et qu’il fallait rediriger vers du présentiel pour écarter le risque de calcul ou de choc septique. C’est un encadrement très codifié, qui protège le patient de tout risque mais aussi le praticien d’une erreur médicale. On ne peut pas prendre les mêmes décisions qu’en présentiel, et avoir ces outils pour nous aiguiller, nous aider à rester dans les clous, c’est très rassurant pour nous ».