Comme s’il n’y avait pas assez à faire avec les salaires des blouses blanches, la gouvernance hospitalière ou l’attractivité des carrières médicales, le Ségur de la santé s’est aussi mêlé… d’écologie. Certes, la mesure 14, qui vise à « accélérer la transition écologique à l’hôpital », n’a pas reçu la même attention que la mesure 1 et ses 8,2 milliards d’euros de revalorisations salariales. Mais elle est là, et bien là. Alors autant en faire quelque chose.
Sur le papier, les ambitions semblent grandes. On lit ainsi dans le dossier de presse publié en conclusion du Ségur que « dès 2021 », le gouvernement s’attellera à « réduire les coûts de gestion des Déchets d’activité de soins à risques infectieux (Dasri) », à « expérimenter des projets pilotes pour mettre fin au plastique à usage unique dans la restauration collective et réduire le gâchis alimentaire dans les hôpitaux », à « évaluer les besoins en termes de rénovation énergétique hospitalière », ou encore à « introduire une règle "verte" pour contribuer […] au financement des travaux de rénovation thermique des hôpitaux ».
Bonne nouvelle ou greenwashing ?
Oui mais voilà, le problème, c’est que la déclaration de bonnes intentions environnementales du Ségur s’arrête là. Quid des priorités qui seront élaborées, des indicateurs qui seront utilisés, des moyens qui seront mis en œuvre ? Rien, ou presque, si ce n’est un hypothétique recours aux fonds issus du plan de relance. Il en faudrait moins à bien des observateurs pour crier au greenwashing. Mais on peut aussi tenter de voir le verre à moitié plein.
« J’ai repéré sept points qui touchent les sujets de développement durable de responsabilité sociétale des entreprises dans le Ségur, et c’est en soi une très bonne nouvelle », commente ainsi Olivier Toma, fondateur de l’agence Primum non nocere, justement consacrée au développement durable dans le domaine de la santé. Mais ce vieux routier de la transition écologique à l’hôpital s’empresse d’ajouter qu’il attend les actes pour juger. « Des plans, il en sort tous les ans, remarque-t-il. La question est celle des moyens humains, techniques et financiers. »
Gare au « machin mou » !
Pour Olivier Toma, il faudra donc aller bien plus loin, notamment sur les questions de formation. « Aujourd’hui, qu’ils soient DG, médecin ou paramédicaux, les acteurs ne sont pas formés sur ces thématiques », déplore-t-il. Il faut donc selon lui mutualiser les bonnes pratiques, inciter les établissements par tous les moyens à s’engager, contrôler et sanctionner ceux qui ne le font pas… « Si on ne fait pas cela, on aboutira à un machin mou », prévient-il.
Cet ancien directeur d’établissement remarque toutefois qu’en dehors du Ségur, le contexte est favorable à la transition environnementale des établissements : la convention citoyenne sur le climat vient de s’achever, un nouveau Plan national santé et environnement (PNSE) va sortir… Les planètes semblent donc alignées. Reste à savoir si la crise économique à venir ne va pas tout faire voler en éclats.