Pour son anniversaire, le Collectif Inter-Hôpitaux tire un constat amer

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Il y a un an, le Collectif Inter-Hôpitaux voyait le jour. Une pandémie, un Ségur de la Santé et de nombreuses mobilisations plus tard : ces praticiens désabusés constatent pourtant que, malgré le temps passé, rien n’a vraiment changé.  
 

Pour son anniversaire, le Collectif Inter-Hôpitaux tire un constat amer

Rien n’a changé malgré une mobilisation massive. C’est le constat amer tiré par le Collectif Inter-Hôpitaux un an après sa création durant une conférence de presse anniversaire organisée ce 1er décembre. « C’était important de faire le bilan car la communication du gouvernement post-Ségur laisse à penser que les problèmes dans les hôpitaux sont réglés. Pourtant, c’est totalement l’inverse qu’on constate sur le terrain », nous confie Olivier Milleron, cardiologue à Bichat (AP-HP) et membre très actif du collectif, au lendemain de l’événement.   
 
C’est à l’automne 2019 que ce collectif a vu le jour. Mis à bout par le vote du budget 2020 de la sécurité sociale, praticiens hospitaliers, paramédicaux, personnels administratifs, internes, médecins titulaires ou encore étudiants s’étaient rassemblés sous une seule et unique bannière pour dénoncer les économies exigées envers l’Hôpital. « C’était le déclic, se remémore le cardiologue parisien. Et malgré le Covid, malgré la mobilisation, rien n’a changé cette année ». Voté le 30 novembre dernier par le Parlement, le PLFSS leur apparaît, en effet, encore bien décevant. « Si on intègre les surcoûts Covid, les nouveaux financements liés au Ségur, les investissements et l’évolution annuelle des charges liées au vieillissement du personnel, il manque toujours entre un et deux milliards », indique Sophie Ettendorff, cadre de santé hospitalier à Pau et membre du collectif, durant la conférence de presse. Un manque financier qui fait écho à celui dénoncé par la communauté hospitalière depuis de nombreuses années. « Comme l’objectif national des dépenses d’assurance maladie est de nouveau insuffisant et que la tarification à l’activité n’a pas été supprimée, on se retrouve exactement dans la même situation qu’on dénonçait », atteste Olivier Milleron.
 
Une T2A qui serait également, selon lui, l’une des causes de la perte d’attractivité de l’hôpital. « Cela fait plus de dix ans qu’on est dans ce système d’hôpital-entreprise, de course à la productivité. On a beaucoup de gens qui sont très malheureux dans leur travail », témoigne-t-il. Un quart des postes de médecins hospitaliers seraient actuellement vacants en France, selon lui. « Avant la crise du Covid, on avait également 1000 postes infirmiers libres. Et 200 postes de manipulateurs radio », ajoute le cardiologue. Et la revalorisation salariale décidée dans le cadre du Ségur n’y changera rien, à en croire le CIH. « Elle est inédite, certes, mais encore insuffisante », assure la cadre de santé, qui rappelle que la France est actuellement au 22e rang des salaires infirmiers des 33 pays de l’OCDE. « On a seulement gagné quelques rangs », se désole Olivier Milleron.  
 
Une crise de vocation qui s’accompagne également de projets de fermeture de lits. Cela, malgré la volonté affichée du ministre de la Santé « de sortir du dogme de la fermeture des lits » selon ses propres mots. « Les projets de restructuration initiés par le Copermo [Comité Interministériel de la Performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers, Ndlr.] sont toujours à l’ordre du jour. Cela, malgré le fait qu’il est été annoncé comme supprimé », assure le praticien de l’Hôpital Bichat, qui constate que dans son propre établissement, 30 % des lits devraient être fermés à terme. « C’est une zone déjà déficitaire. Et quand on regarde le projet médical de l’établissement, on se rend compte que c’est basé sur l’idée qu’on va diminuer la durée moyenne de séjour de 30 % par rapport au reste de la France », se désole-t-il, sans trouver de bonne justification à ce projet.
 
Autre point qui crispe : le mode de gouvernance qui ne change pas. « C’est toujours le directeur de l’établissement qui a tout le pouvoir », indique le membre de CIH. Auditionné par la rapporteuse Stéphanie Rist dans le cadre de la loi visant à « améliorer le système de santé par la confiance et la simplification » sur leur vision de la gouvernance, le Collectif a le sentiment d’avoir été écouté mais pas entendu. « Il y a eu une fin de non-recevoir, atteste Olivier Milleron. Il n’y aura pas de co-direction entre l’administration, les médecins et les paramédicaux ». Une situation incompréhensible pour ceux qui ont pu assister à la performance de cet outil pendant la crise du Covid. « Ça marchait plutôt pas mal », atteste Olivier Milleron. Et de conclure, plus tard : « Il n’y a pas eu de changement de la situation après le Ségur ».
 

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