L'accès aux études de santé dans le brouillard

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#PronosticMentalEngagé. C’est à coup de hashtag percutant que les associations représentant les étudiants en santé dénoncent le flou et les bugs des premiers mois d’application de la réforme. Ce climat d’incertitude dans lequel baigne les étudiants a des répercussions délétères sur leur santé mentale. 

L'accès aux études de santé dans le brouillard

ANEMF, ANEPF, ANESF, FNEK, UNECD, FAGE : toutes les associations représentant les étudiants en santé (futurs médecins, pharmaciens, sages-femmes, masseur-kinésithérapeutes, dentistes) ont mis la main à la pâte pour dresser un premier bilan de la réforme de l’entrée dans les études de santé, dans un rapport publié ce jeudi 19 novembre. Trois mois après la mise en place de 35 PASS, 227 mineures santé et 457 L.AS sur l’ensemble du territoire, ce premier bilan est sombre. L’ANEMF n’hésite pas à parler d’« application désastreuse de cette réforme » et d’« inégalités toujours plus marquées ». 
 

 
Les bugs de la réforme sur le terrain 

Voici les principaux points d’achoppement soulevés par le rapport : 
 
-Un défaut d’information : la mise en application de la réforme pâtit d’une absence de coordination entre les différentes voies d’entrée. « Les étudiants en L.AS ont le sentiment d’être oubliés par l’UFR Santé qui se préoccupe en premier lieu des PASS et faute d’accompagnement, ils se sentent déboussolés », indique le rapport. Les représentants des étudiants demandent que des temps d’échange et d’information soient prévus, ce qui n’est pas le cas actuellement. 

-Des capacités d’accueil insuffisante : de nombreux étudiants n’ont pas pu obtenir la formation de leur choix et se sont rabattu sur des choix par défaut. Le rapport dénonce cette « sélection déguisée à l’université » et demande une augmentation globale des capacités d’accueil dans les différentes filières. 

-Des tutorats peu reconnus : ils n’ont pas suffisamment de moyens pour contrer les offensives des prépas privées dans les facultés de médecine, notamment dans l’information délivrée aux lycéens. Les représentants des étudiants demandent à ce que le rectorat fournisse aux tutorats agréés une lettre de primauté et les laisse utiliser les listes de diffusion rectorales. 

-Des modalités de sélection floues : en octobre 2020, 3 UFR sur 4 n’avaient pas n’avaient pas voté les modalités des oraux, pourtant une nouveauté et grosse ambition de cette réforme. D’où un stress majeur chez les étudiants qui ne savent pas du tout comment s’y préparer.
 
 
Détresse psychologique des étudiants 

Alors que l’un des objectifs de la réforme était de supprimer une PACES jugée inhumaine, les associations constatent tous les jours la détresse psychologique des étudiants. « La principale source de mal-être est le climat d’incertitude dans lequel évoluent les PASS et L.AS cette année : dans la grande majorité des UFR, les étudiants n’ont pas les informations suffisantes pour appréhender leur année. Ils restent sans informations sur le déroulement de l’année, les modalités de sélection, leurs chances de réussite… Les étudiants ont le sentiment de travailler dans le vide », pointe le rapport. 
Dans une lettre ouverte adressée aux ministères concernés, les associations étudiantes écrivent : « Deux ans après l’annonce du Président et de son gouvernement d’une réforme ambitieuse et trois mois après son application officielle, les promesses n’ont pas été tenues. Si, une : la multiplication des parcours d’études, mais au prix d’inégalités toujours plus marquées (…)Pour éviter que cette réforme ne brise des milliers de rêves et de vies, chacun doit prendre ses responsabilités ! Finalement, Monsieur Macron, le “système est [toujours] absurde, et il nous faut le regarder en face”. Pour nous, pour vous, pour tous ».
 

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