Faire des enfants rend-il heureux ?

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Faire des enfants rend-il heureux ?

De baby-shower entre « nenettes » en petite communion à Bezouges-sur-Orge et tour de poussette gratos sous la pluie, avoir des enfants peut ressembler à l’accomplissement d’une vie – ou à un chemin de croix en enfer, c’est selon –. Bien que protégés par nos 10 ans de sacerdoce médical, sacrifiant temps, gamètes et plan Tinder sur l’autel des révisions à la BU/ gardes/rédaction de thèse, la question se pose finalement pour jeunes et moins jeunes médecins. Après une étude de terrain entre débat « couches jetables ou lavables » et discussions enflammées autour des différentes techniques de mouche-bébé, votre serviteur a interrogé la Science : alors, dis PoubMed, comment ça rend heureux de faire des bébés * ?

Allô parents ici douleur

Les heures d’observation in vivo sont confortées par une dizaine d’études : il y a une association négative entre parentalité et bien-être émotionnel [1]. Les déclarations/dénégations sur « le plus beau rôle de la vie », en tee-shirt plein de régurgitations de bébé n’y changeront rien. Cet effet se retrouve indépendamment du type de famille, papounets ET mamounettes comprises. C’est le fait d’avoir des mineurs à charge, notamment dans son foyer, qui est pourvoyeur de détresse émotionnelle, plus que la parentalité elle-même. Par exemple, vivre avec vos beaux-enfants mineurs, même s’ils vous claironnent à longueur de journée que vous n’êtes « pas son/sa père/mère, putain ! » vous rendra aussi malheureux que si c’était le cas. Bonne nouvelle pour les abonnés à Parents Magazine, votre bonheur rejoindra celui des couples sans enfant quand votre progéniture aura (enfin) quitté le nid familial [2] ! Quant à l’idée que les couples « child-free » soient tristes et amers, vous savez ce que dit la marmotte et son papier d’alu*.

Dur, dur d’être parent

Ensuite, c’est l’exposition quotidienne à la source de stress que représentent les petits marmots qui ferait le lit de symptômes dépressifs ou anxieux expliquant ces différences. Mais pourquoi seraient-ils si méchants* ? Les auteurs rappellent qu’élever un enfant demande du temps et de l’énergie, souvent dans un contexte de carence en sommeil, de conflits entre vie professionnelle et familiale, sans oublier une pression financière, afin de ramener régulièrement une jarre de Nutella, une paire de Nike ou le dernier iPhone – et accessoirement la paix – au foyer [3]. Mais la parentalité apporte également son lot de gratifications, donnant une identité sociale et un réseau à l’individu, facteurs positifs sur la santé mentale. Pourtant, ces bénéfices semblent engloutis face au tourbillon de vie engendré par les petits mouflets [1].

Mamma Mia

Le stress engendré par ces charmantes petites personnes qui laissent traîner leurs Lego© est corrélé au niveau de soutien social de l’État. Les auteurs de têtes blondes scandinaves sont donc moins exténués que ceux donnant la vie aux USA. La différence de bonheur selon le statut parental est ainsi maximale au pays de Mickey, dont la politique consiste à envoyer les parents se faire brosser, Martine*. En France, où le soutien à la parentalité est qualifié de généreux, l’écart est moindre. Congés parentalité, congés payés et congés maladie, sainte trinité du modèle social made in France, réduisent cette différence… mais conribuent également au bonheur des individus vivant sans enfant ! Alors, célibataire endurci ou parent à la tête d’une meute, l’essentiel pour être heureux, ce sont les VA-CAN-CES !
 
* De garde, en congé enfant malade ? Retrouvez les références aux pubs moisies des années 90 qui se cachent dans ce PoubMed, et retombez en enfance !
 
[1] Glass J1, Simon RW2, Andersson MA3. Parenthood and Happiness: Effects of Work-Family Reconciliation Policies in 22 OECD Countries. AJS. 2016 Nov;122(3):886-929. doi: 10.1086/688892
[2] Koropeckyi-Cox Tanya. Beyond Parental Status: Psychological Well-Being in Middle and Older Age. Journal of Marriage and Family. 2002;64:957–71.
[3] Avison WR, Ali J, Walters D. Family structure, stress, and psychological distress: a demonstration of the impact of differential exposure. J Health Soc Behav. 2007 ; 48(3):301-17.

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