On a écouté Clinton et Trump parler santé

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Et c’était tout pourri

On a écouté Clinton et Trump parler santé

À l’occasion de leur deuxième débat télévisé, retransmis dimanche sur Fox News, les deux candidats à la Maison-Blanche ont eu l’occasion d’exposer leurs positions sur la santé. On a regardé. On a détesté.

 

Les candidats à la Maison Blanche ont passé beaucoup de temps, lors du débat télévisé de dimanche, à discuter de sujets aussi essentiels que les exploits sexuels de Donald Trump – « attraper » les femmes « par la chatte » – et les dons informatiques d’Hillary, sans oublier les frasques de son impétueux mari.

Bref, un concours de boules puantes comme l’Amérique en a le secret. Au bout de trente minutes de ce spectacle – qualifié depuis de « pire débat de l’histoire » –, une question finit par fuser, incongrue. « Que ferez-vous pour réduire les coûts et améliorer la couverture de l’Obamacare ? », s’enquiert un membre du public.

Abordable, c’est vite dit

La question est cruciale pour les Américains, qui craignent beaucoup de voir leurs frais de santé partir en vrille. À raison. En 2017, les principaux contrats d’assurance souscrits au titre de l’Obamacare devraient augmenter, selon les états, de 1,3 à… 71 % ! Une facture salée, alors même que la loi – Affordable Care Act, de son nom officiel – était censée garantir des soins abordables.

Première à répondre, Hillary Clinton s’emploie alors à défendre la réforme de santé d’Obama, marqueur emblématique du camp démocrate. Et la candidate de rappeler que la loi si décriée a quand même permis d’offrir une couverture santé à « 20 millions de personnes » et d’empêcher que les assurés malades ou âgés ne soient pénalisés.

Blame Canada!

Pour sa part, Trump prophétise rien de moins qu’une explosion du système en 2017. Pour y remédier, une seule solution : une vraie concurrence, libre et non faussée, entre assureurs. Sur sa lancée, le Donald en profite pour reprocher à son adversaire de vouloir instaurer un système de santé « à payeur unique », sur le modèle du Royaume-Uni ou du Canada.

Un « désastre », tranche le candidat républicain, que cette perspective centralisatrice fait frémir. « Si vous n’aviez pas remarqué, les Canadiens, lorsqu’ils ont besoin d’une grosse opération, viennent souvent aux États-Unis, parce que leur système est beaucoup trop lent. C’est une catastrophe. » Vague d’infarctus chez les mangeurs de poutine.

On m’aurait menti ?

Qu’en disent les fact-checkers américains ? Tout d’abord, qu’en dépit de quelques appels du pied ambigus sans doute destinés aux partisans de Sanders, Hillary Clinton ne propose pas de système « à payeur unique ». Ensuite, et surtout, que le système de santé canadien est sans doute mille fois meilleur que son équivalent américain.

Certes, comme l’explique le très bon site Motherboard, le temps d’attente au Canada est en effet plus long qu’aux États-Unis, surtout pour les soins de second recours. Mais les Canadiens sont en bien meilleure santé que leurs voisins et les adeptes du tourisme médical, difficiles à chiffrer, sont très marginaux comparé aux quelques 750 000 Américains (!) qui font chaque année le voyage en sens inverse.

Trump 0 – 0 Clinton

Voilà pour Trump. Quant à Hillary Clinton, elle admet volontiers les limites de l’Obamacare et affiche fermement son intention d’y remédier, grâce à une « série d’actions » appropriées. Lesquelles ? On n’en saura pas plus. Ni dans le débat, ni sur son site de campagne. Affabulation d’un côté, vacuité de l’autre : vaste programme, comme dirait l’autre.

Source:

Yvan Pandelé

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