Coopération généralistes-infirmiers : bingo ?

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Des chercheurs de l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont mesuré l’impact du dispositif expérimental de coopération entre médecins généralistes et infirmières Asalée (Action de santé libérale en équipe). Les résultats montrent un impact positif et significatif sur la taille de la patientèle, mais pas sur le nombre des consultations.

Coopération généralistes-infirmiers : bingo ?

Est-ce que le nombre de jours travaillés des généralistes évolue lorsqu’ils coopèrent avec une infirmière Asalée (Action de santé libérale en équipe) ? Reçoivent-ils davantage de patients ? Réalisent-ils davantage d’actes ?
 
Pour le savoir des chercheurs de l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont réalisé une étude d’impact sur le dispositif expérimental de coopération entre médecins généralistes et infirmières Asalée. Pour ce faire, ils sont partis à la rencontre de médecins généralistes entrés dans le dispositif entre 2011 et 2015.

Nombre de jours travaillé stable

Les résultats de l’étude montrent que le nombre de jours travaillés n’a pas été modifié en profondeur par l’entrée dans Asalée, ce qui soulève l’hypothèse que « le temps dégagé au cours de la journée de travail est probablement réalloué à une augmentation de l’activité », estiment les chercheurs.
 
Autre enseignement de l’étude : si le nombre de consultations est en très légère hausse, la taille de la clientèle augmente sensiblement pour les médecins généralistes Asalée. Si l’on rentre un peu plus dans le détail, l’étude constate une augmentation significative du nombre de patients en file active (+ 58 patients par trimestre) et inscrits médecins traitant (+ 30 patients par trimestre) à la suite de l’entrée dans l’expérimentation. Ce qui correspond à des augmentations respectives de 6,6 % et 7,7 %

Azalée, kezako ? 

Que se cache-t-il derrière ce dispositif ? Pour faire simple, le dispositif Azalée vise à améliorer la qualité des soins et services rendus. « Il peut également se traduire par la sauvegarde de temps médical grâce à l'éducation thérapeutique et à une délégation d’actes des médecins généralistes vers les infirmières », précise l’étude de l’Irdes. Ce dispositif présente également deux spécificités importantes. Tout d’abord, cette logique de coopération est supportée par une organisation intermédiaire : l’association Asalée. Cette logique « se matérialise par une prise en charge coordonnée de patients chroniques en matière d’éducation thérapeutique du patient et de réalisation d’actes dérogatoires par l’infirmière (électrocardiogramme, spirométrie, prescription d'examens biologiques…) », explique l’étude qui considère que l’activité de l’infirmière Asalée « vient en complémentarité ou en substitution de celle du généraliste ».
 
La deuxième spécificité du dispositif tient aux incitations en direction des médecins : amélioration des conditions d’exercice, rémunération de la coordination pour les échanges avec l’infirmière et d’un « transfert en nature »…
 
Donc, sur le plan théorique, la coopération et la mixité de la rémunération devraient « permettre une amélioration des conditions de travail, de l’attractivité de l’exercice, mais aussi de la productivité s’il existe une complémentarité des connaissances et compétences et une amélioration des motivations intrinsèques au travail en équipe », considèrent les chercheurs.
 
Du point de vue du médecin généraliste, l’amélioration de la productivité pourrait aussi se traduire par un gain de temps médical qui « pourrait être réalloué à l’augmentation du nombre de patients inscrits ou rencontrés, ou à celle du nombre des consultations. » Cela serait donc synonyme d’efficience technique, au sens d’une meilleure maximisation de l’activité du médecin généraliste, comme, par exemple, une hausse du nombre de patients rencontrés, estime l’étude.
 

 
Il y a un donc effet significatif et positif de l’entrée dans le dispositif Asalée sur la taille de la patientèle des médecins (à jours travaillés quasi inchangés) mais aucun sur le nombre de consultations au cabinet ou de visites à domicile, conclue l’étude qui fait la déduction suivante :
 
« Il est probable que la délégation de certains actes et suivis des médecins à l’infirmière libère du temps médical au cours de la journée travaillée. Celui-ci semble alors réalloué au suivi d’un plus grand nombre de patients, de la file active ou inscrits médecin traitant, vraisemblablement en raison d’une demande préalablement rationnée. »
 

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