Collectif Nos Vies d’abord : l’union fait la force

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Digne héritier du hashtag #nosviesdabord, le nouveau collectif Nos Vies d’abord a décidé de durcir le ton face au gouvernement, tout en fédérant les luttes du secteur de la santé. Pour que la dignité des soins et des êtres humains passe avant les contraintes budgétaires.

Collectif Nos Vies d’abord : l’union fait la force

Si vous êtes un adepte des réseaux sociaux, l’hashtag #nosviesdabord ne vous est peut-être pas étranger. Lancé le 5 février à l’occasion d’un clip de soutien, l’hashtag est devenu en l’espace de quelques mois synonyme de cri de ralliement pour exiger la chose suivante : que la dignité des soins et des êtres humains passe avant les contraintes budgétaires. 
 
L’heure est désormais d’appuyer sur la pédale d’accélérateur. Puisque l’hashtag a donné naissance au collectif Nos Vies d’abord, afin de « durcir le ton » mais aussi de fédérer « tous les soignants de tous corps de métiers confondus et les citoyens dans cette lutte », comme l’annonçait le 11 juin le médecin Sabrina Ali Benali :

 
Le collectif est composé d’une vingtaine de militants  issus de divers de corps de métiers du monde de la santé (voire la liste non exhaustive en fin d’article). Des médecins de ville, des PH, des urgentistes, des psychiatres, des infirmiers, des aides-soignants, des administratifs, des membres du collectif Inter-Urgences…
 

Kierzek, Pelloux, Prudhomme, Müllner…

 
Des personnalités comme Patrick Pelloux ou Christophe Prudhomme, respectivement président et porte-parole de l'Association des Médecins Urgentistes de France (Amuf). Mais aussi le médecin urgentiste Gérald Kierzek ou le Dr Joachim Müllner, praticien hospitalier en psychiatrie à l'Hôtel-Dieu, qui avait fait le buzz en déclarant sur Facebook « se faire défoncer la gueule et le cerveau de fatigue pendant des heures ». Sans oublier le Dr Mathieu Bellahsen, un psychiatre qui s’est engagé dans la mobilisation du printemps de la psychiatrie.
 
Tout ce beau petit monde s’est rendu compte « de la nécessité impérieuse de voir plus grand et de joindre les luttes, nous éclaire Sabrina Ali Benali jointe au téléphone par What’s up Doc. Parce que l’on se rend bien compte que les luttes isolées, même celles qui ont mis en danger la vie des gens, comme par exemple, les grèves de la faim de soignants dans certains hôpitaux psychiatriques, n’ont pas eu l’effet escompté. L’idée était donc de partir de représentants de différents corps de métier pour essayer d’agréger les forces autour de nous. »
 

Augmenter le rapport de force

 
Pour tous les membres du collectif, le constat est clair : « Nous sommes tous sidérés par le fait que le gouvernement continue à faire la sourde oreille. Il parle par exemple de l’absence de solution miracle ou sort un énième rapport qui n’apporte rien de nouveau et ne changera donc rien à la situation. Il fallait donc augmenter pas à pas le rapport de force avec le gouvernement. »
 
Première action en ligne de mire : travailler sur une tribune de presse qui devrait être diffusée la semaine prochaine. Objectif : obtenir un million de signataires. Pour faire encore mieux que la pétition « Dignité des personnes âgées, des moyens pour nos EHPAD ! » qui avait permis de récolter quasi 700 000 signatures. Pétition qui avait conduit notamment à l’audition d’Agnès Buzyn devant la commission des affaires sociales.
 

Faire adhérer soignants et citoyens

 
La stratégie sera mise en œuvre en deux temps : « Faire un appel à signatures massif, puis un clip qui va être soutenu par des personnalités et des citoyens pour faire massivement adhérer tous les corps de soignants mais aussi les citoyens, selon Sabrina Ali Benali. Puis, une fois qu’on aura alerté les consciences collectives et fait connaître le collectif, on organisera des actions collectives. »
 
Dans un premier temps, le collectif devrait diffuser un message qui devrait parler au plus grand nombre. Il s’agira de « dire qu’on ne peut plus accepter ces contraintes budgétaires, qu’il faut arrêter de se voiler la face, que ce n’est pas normal d’attendre aussi longtemps aux urgences », poursuit Sabrina Ali Benali qui ajoute :
 
« On ne peut plus assister à un suicide de soignant, on ne peut plus voir des gens qui décèdent sur des brancards, on ne peut plus risquer la vie de nos patients parce qu’il n’y a plus de lits à moins de 100 km de Paris. »
 

Plus de radicalité ?

 
Décidés à franchir un cap dans la lutte, quitte à « mener des actions plus radicales », les membres du collectif Nos Vies d’abord aimeraient dépasser les différences et les désaccords de chacun pour faire front ensemble. Persuadés que la force du nombre permettra de rééquilibrer le rapport de force.
 
« Même si on juge que nos propres conditions d’exercice sont encore supportables, nous sommes tous d’accord sur le fait que l’on met aujourd’hui les patients et les soignants en danger, estime Sabrina Ali Benali. Tout le monde ne ressent pas l’urgence de la même façon, même le sentiment de souffrance est partagé de toutes parts. »
 
Reste à savoir si le collectif Nos Vies d’abord réussira là où de nombreux mouvements ont échoué à faire bouger les lignes ces dernières années.
 

Liste non exhaustive des membres du collectif Nos Vies d’abord 
Mathieu Bellahsen, psychiatre de secteur (Asnières sur Seine)
Sabrina Ali Benali, médecin remplaçante dans une association de permanence de soins (Paris)
Abdel Dougha, aide-soignant aux urgences de Saint-Antoine et membre collectif inter urgences (Paris)
Julia Devianne, interne en neurologie (Paris)
Christophe Prudhomme, médecin urgentiste (Paris)
Joachim Müllner, médecin Psychiatre à L'Hôtel-Dieu (Paris)
Laurent, infirmier aux urgences pédiatriques de Robert-Debré et membre collectif Inter-Urgences (Paris)
Karim Kelfaoui, médecin généraliste remplaçant (Marseille)
Lionel Falla adjoint administratif de l'hospitalisation à domicile (HAD) à AP-HP (Paris)
Gérald Kierzek, médecin urgentiste

 

 

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