Affaire Palmade : le gouvernement déclare la guerre à la cocaïne

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L’accident provoqué par l’humoriste a remis en lumière les dangers de la consommation de cocaïne.

Affaire Palmade : le gouvernement déclare la guerre à la cocaïne

© Capture Vidéo Femme actuelle 

Un fait divers, une loi. Selon une logique qui prévaut depuis quelques années et qui relève pour certains d’une regrettable culture de l’instant, le gouvernement a décidé d’agir à la suite de l’affaire Pierre Palmade, dix jours après que le comédien ait, selon toute vraisemblance, provoqué un grave accident de la circulation (trois blessés graves et un enfant à naitre mort) alors qu’il conduisait sous l’emprise de cocaïne et de drogues de synthèse. Dans une interview accordée au Journal du dimanche, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a affiché sa volonté de renforcer la lutte contre la consommation de cocaïne au volant.

Première mesure phare du plan du ministre, la consommation de stupéfiants au volant (qui constitue déjà un délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 4 500 euros d’amende) entrainerait désormais le retrait automatique des 12 points du permis de conduire (contre six actuellement) et donc la perte de celui-ci. Si la mesure a été saluée par les associations s’engageant pour la sécurité routière, certains juristes spécialistes du droit routier soulignent qu’elle ne changerait en pratique pas grande chose : la plupart des préfets suspendent immédiatement le permis des personnes contrôlées positives aux stupéfiants au volant et une fois devant le juge, ces délinquants peuvent voire leur permis suspendu ou annulé pendant une durée de trois ans maximum.

Tolérance zéro pour les conducteurs sous stupéfiants…et sous alcool ?

Gérald Darmanin a indiqué que cette tolérance zéro s’appliquerait également aux conducteurs alcoolisés, même s’il a précisé qu’une « réflexion » devrait être mené autour d’un « seuil d’alcoolémie à définir » (on évoque 0,8 g/L). Corollaire de cette sévérité accrue contre les conducteurs toxicomanes, le ministre de l’Intérieur souhaite augmenter les contrôles routiers. Le nombre des tests salivaires de détection des stupéfiants a « doublé les années précédentes » explique le ministre, qui veut les faire passer de 800 000 en 2022 à 1 million en 2023. « 16 % des contrôles de l’usage de stupéfiants au volant se sont avérés positifs contre 3 % de ceux concernant l’alcool » explique Gérald Darmanin, sans doute car ces tests sont moins systématiques que ceux pour l’alcool et sont ne souvent déligentés qu’en cas de suspicion.

Enfin, proposition symbolique, le ministre de l’Intérieur dit travailler avec son collègue de la Justice à une réforme du code pénal pour renommer les homicides involontaires sur la route en « homicides routiers ». « Il n’existe pas de drogue récréative, il n’y a que des drogues mortelles : environ 600 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route liés aux stupéfiants » affirme le ministre.

La consommation de cocaïne en augmentation

Depuis plusieurs années, de nombreux addictologues alertent sur une véritable « épidémie » de consommation de cocaïne. 600 000 personnes consomment de la cocaïne au moins une fois par an, soit quatre fois plus qu’il y a 20 ans. Le nombre d’overdoses et de personnes suivies pour une addiction à la cocaïne a fortement augmenté, cette drogue étant, contrairement à certaines idées reçues, fortement addictive. Une augmentation de la consommation due à une baisse des prix (le gramme de cocaïne coûte entre 50 et 70 euros, soit quatre fois moins qu’il y a 30 ans) et une hausse de la circulation du produit : en 2021, les douanes françaises ont saisi 26,5 tonnes de cocaïne, deux fois plus qu’en 2020.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/lhopital-se-garde-la-coke-des-patients

Fini le cliché des années 1980 d’une drogue réservée à une élite (traders, grands chefs d’entreprise, stars du show-biz…) : la cocaïne s’est démocratisée et est consommée par des pans de plus en plus large de la population (même si elle concerne d’avantage les moins de 35 ans). Loin des paillettes de la jet-set, des professions inattendues sont touchées par le phénomène : lors d’une étude de 2013, 8 % des marins-pêcheurs du littoral atlantique ont été testés positifs à la cocaïne !

Quant à Pierre Palmade, le juge des libertés et de la détention a prononcé à son encontre une assignation à résidence avec surveillance électronique d’un genre particulier, puisqu’elle aura lieu dans le service d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Il tentera d’y soigner une addiction vieille selon lui de plus de 30 ans et pour laquelle il a déjà essayé plusieurs cures de désintoxication sans succès.

Grégoire Griffard

Par JIM 

Par JIM

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