#URPSbyWUD : Philippe Cuq et les « combattants »

Article Article

Le président de l’UCDF nous parle des jeunes médecins et du militantisme

#URPSbyWUD : Philippe Cuq et les « combattants »

Les élections aux URPS mettent en évidence la désaffection des jeunes médecins envers le militantisme. Qu’en pensent les responsables syndicaux ? Eléments de réponse avec le Dr. Philippe Cuq, président de l’UCDF.


« Les jeunes médecins se désintéressent de l’action militante ». C’est un refrain qui revient souvent dans les colonnes de What’s Up Doc depuis que nous avons lancé notre opération #URPSbyWUD. Et c’est un constat qui semble partagé dans les instances dirigeantes des syndicats, du moins si l’on en croit le Dr. Philippe Cuq, président de l’Union des chirurgiens de France (UCDF) et vice-président du BLOC.

« Les jeunes médecins ne s’intéressent pas assez à l’exercice libéral et à l’élection de leurs représentants aux URPS [Unions régionales des professionnels de santé, ndlr] », remarque par exemple celui qui se trouve à la tête de l’UCDF depuis 10 ans. Un constat qu’il déplore : « Que vous ayez 25, 40 ou 60 ans, ce sont vos représentants qui vont être choisis, ce sont eux qui seront les interlocuteurs des toutes puissantes ARS [Agences régionales de santé, ndlr] et ce sont eux qui prendront les décisions ». Et le chirurgien d’en rajouter une couche : « Les résultats des élections donnent la nouvelle représentativité syndicale nationale avec dès janvier 2016 la négociation de la nouvelle convention ».

L’appel est plutôt clair : il faut voter pour les URPS. Mais alors, si ces élections sont si importantes, quelle est donc l’origine du désintérêt des jeunes médecins pour les instances représentatives et l’action syndicale ?

Rentrer, ou ne pas rentrer dans le moule ?

Philippe Cuq ne jette pas la pierre à ceux qui ne s’engagent pas : « Aujourd’hui les internes, on les comprend, ont comme priorité d’avoir un poste de chef de clinique qui leur permettra d’accéder au secteur 2  et d’avoir accès à la meilleure formation initiale ». Or, le travail syndical, c’est du travail en plus : « Ce sont des sacrifices sur la vie familiale et les loisirs, c’est une activité qui vient en plus d’un temps médical déjà lourd. Quand, à la fin de la journée, il faut en plus lire la loi santé et l’analyser, beaucoup se détournent de cela ».

Voilà pourquoi Philippe Cuq qualifie de « combattants » ceux qui, malgré tout, s’engagent dans l’action militante. Et si le problème venait de là ? Et si le désintérêt des jeunes médecins venait, justement, du fait qu’ils ne voient pas la vie comme un combat ? Qu’ils ne se retrouvent pas forcément dans des organisations dont les dirigeants trouvent normal de faire des semaines de 90 heures, par exemple ?

Pour Philippe Cuq, qui souligne que l’UCDF a ouvert son conseil d’administration aux internes et aux chefs de clinique, la question n’est pas là : « De temps en temps, des observateurs extérieurs au monde de la santé nous disent que les jeunes ne veulent plus s’installer, ne veulent plus travailler autant que nous. Ce sont des bruits qui tournent, mais quand on demande leur opinion aux jeunes médecins, les choses sont plus compliquées ». Pour le dirigeant syndical en effet, ces « bruits » reflètent surtout « la volonté de l’Etat et des complémentaires, qui voudraient fonctionnariser les médecins et les faire entrer dans des réseaux de soins ».

La vision de la médecine de Philippe Cuq la voici : « Nous faisons un métier extraordinaire, qui ne ressemble pas aux autres métiers. Nous avons tout intérêt à revendiquer sa spécificité, avec ses charges, ses contraintes et ses devoirs, mais aussi avec des droits et une rémunération en adéquation. Et surtout ne pas rentrer dans le moule : "je vais travailler 40 heures et être salarié" ».

Des « combattants » qui refusent de « rentrer dans le moule » ? Aux jeunes médecins de savoir s’ils se retrouvent dans cette vision.

Source:

Adrien Renaud

Les gros dossiers

+ De gros dossiers