Témoignage Covid-19 : dans le 9-2, un gastro réorganise le "courant, l'urgent et le semi-urgent"

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Comment vivez-vous dans votre hôpital la crise du Covid-19 ? Votre quotidien professionnel est-il bouleversé ? Tout le long de cette épidémie, WUD recueille des témoignages de médecins, en première ligne, ou non, dans le traitement de cette pandémie. Aujourd'hui, le témoignage d'un gastro-entérologue d'un hôpital public des Hauts de Seine, qui réorganise son activité. 

Témoignage Covid-19 : dans le 9-2, un gastro réorganise le "courant, l'urgent et le semi-urgent"

"Il y a des services qui ferment pour accueillir des malades Covid. La stratification se met en place. Le plus difficile est d’assurer les tâches courantes. Nous envoyons par la poste ou par mail les ordonnances, mais il y a des patients qui ne sont pas à l’aise avec Internet, et ceux là nous les faisons venir. Pour tous les autres, nous utilisons les nouveaux moyens de communication, ou encore la télémédecine. 

Pour le moment les capacités d'accueil ne sont pas débordées mais la question se pose d’accueillir des malades dans les cliniques privées. Lamine Gharbi sur cette question s’est exprimée, ils ont l’air de manquer de matériels, ils n’ont pas assez de masques, pas plus que de SHA. Pour le moment, en tous les cas en région parisienne, on ne peut pas dire que nous sommes dépassés à l’heure actuelle. Evidemment qu’il y a des centres dédiés comme celui de Bichat qui souffrent. Bichat a d’ailleurs été créé pour traiter les maladies infectieuses. 

L’exemple type d’une consultation de spécialiste sous temps de covid-19 est la suivante : un patient m’est envoyé pour une 4e consultation de constipation. Il ne s’agit pas d’une urgence donc il restera constipé. En revanche, si j’ai une annonce de cancer à faire, bien évidemment je vois le patient. Qui plus est, on ne peut pas faire une annonce de cancer par téléconsultation, donc je le vois physiquement. Si je dois prendre en charge un patient qui a une anémie, je vais lui envoyer des comprimés à la maison et éviter au maximum de le faire venir. Idem, je ne vais pas faire venir une personne âgée très fatiguée, je la verrai en téléconsultation.

Toujours est-il qu’un malade urgent reste un malade urgent, donc on le prend en charge. Le plus compliqué reste le "courant" et le "semi-urgent". Il faut savoir proposer des soins de qualité à nos patients sans emboliser la réanimation. Les décisions sont difficiles à prendre : lorsque l’on voit qu’un malade va se mettre en occlusion, autant l’opérer avant que la situation ne devienne urgente et complexe. Les décisions se prennent avec intelligence. Le point positif, c'est que nous ne faisons plus la course à l’échalotte de l’activité. La période que l’on vit actuellement est stressante, fatigante, mais nous avons l’impression de réinvestir la structure dans ce pourquoi elle est dédiée : la prise en charge de sa population. 

Si je ne suis pas en première ligne, il est tout à fait possible que j’aille dans l’unité des patients suspect Covid parce que l’on va doubler la capacité. Certains qui se sentent sous-utilisés se portent volontaires pour d’autres activités, comme le dépistage. Je n’ai pas vu de planqués."

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